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absorbée par la végétation, ne serait plus entraînée par les vents du sud vers l’Europe, dont la température baisserait sensiblement ; mais c’est une crainte dont avant longtemps il n’y aura pas lieu de se préoccuper[1].

Les bois de l’Asie sont représentés par les collections de l’Inde et des colonies hollandaises ; nous en avons récemment donné une description assez détaillée pour qu’il soit inutile d’y revenir aujourd’hui[2].

Nous arrivons à l’Afrique, qui a pour nous un intérêt particulier. La contenance totale des forêts de l’Algérie est évaluée à 1,444,076 hectares. Il faut toutefois en déduire les bois d’oliviers, destinés à une culture industrielle, les broussailles à abandonner aux indigènes et les portions de forêts destinées au rachat des droits d’usage, en sorte qu’il reste environ 1 million d’hectares aux exploitations forestières. Les produits qu’on en tire sont le liège, les bois de construction, les bois d’ébénisterie, les résines et les écorces à tan.

Le liège est, on le sait, la couche subéreuse qui dans le chêne-liège (quercus suber) se développe entre l’écorce et le liber. Cet arbre, qui appartient à la région méditerranéenne, ne produit jusqu’à l’âge de douze ans qu’un liège dur, coriace, dont on se sert seulement pour faire des bouées et du noir d’Espagne. Cette écorce enlevée au moyen d’une opération appelée démasclage, il se forme de nouvelles couches qui, n’étant plus comprimées par l’épiderme, se développent régulièrement. — Lorsque cette écorce est assez épaisse, c’est-à-dire au bout de dix ans, on l’enlève en pratiquant au sommet et au bas de la tige deux incisions circulaires qu’on réunit par une incision verticale. On obtient ainsi des planches de liège qui sont livrées au commerce. La même opération peut se répéter tous les dix ans, en sorte que, arrivé à l’âge de cent cinquante ans, un arbre a fourni douze ou quatorze récoltes. Le produit par hectare et par an est d’environ 3 quintaux métriques d’une valeur de 150 francs ; déduction faite des frais et de l’intérêt du capital engagé, il reste un bénéfice net de 100 francs environ.

Jusque dans ces derniers temps, l’Espagne et le Portugal étaient les principaux centres de production du liège ; mais l’Algérie depuis quelques années paraît prendre les devans. On évalue à 320,000 hectares l’étendue des forêts de chêne-liège, — çà et là mélangées

  1. Nous ne pouvons passer sous silence l’exposition du capitaine Fowke, qui comprend des échantillons de bois de toutes les colonies anglaises, tous de même dimension, et portant l’indication des poids qui ont été nécessaires pour les rompre. On peut apprécier ainsi la force comparative des diverses essences.
  2. Voyez dans la Revue du 15 avril, l’Exploitation des forêts de l’Inde.