Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 70.djvu/691

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bois ; mais combien de visiteurs iront examiner celles qui ne présentent pas le coup d’œil pittoresque des collections françaises ou canadiennes ? Que leur diraient ces rangées de morceaux de bois bruts ou polis, de nuances diverses, que des noms barbares désignent seuls à leur attention ? Et cependant quoi de plus intéressant à connaître que ces matériaux dont sont faits nos meubles, nos maisons et nos vaisseaux ? Quoi de plus important que de savoir quelles contrées sont à même de nous les fournir et à quel prix nous pouvons nous les procurer ? Il ne faudrait pas s’imaginer que parce qu’un pays a exposé des échantillons de tous les bois qu’il possède, sans y joindre d’ailleurs aucune autre indication, il ait par cela même fait connaître les ressources qu’il peut offrir. Cela suffit en général pour les objets de consommation courante, dont la valeur principale est empruntée à la main-d’œuvre, et dont la fabrication au jour le jour est subordonnée à la demande, car alors on sait qu’on pourra, quand on le voudra, se procurer des marchandises conformes aux spécimens exposés ; mais pour les produits ligneux il n’en est pas de même, soit à cause du temps qu’ils exigent pour acquérir les qualités qui les font rechercher, soit à cause des difficultés locales qui en rendent souvent l’exploitation impossible. Si en effet l’on jette un coup d’œil sur les différens pays du globe, on voit que dans les uns des forêts sans limites couvrent le sol, et que, loin d’y être l’objet d’aucun soin, elles sont souvent un obstacle aux progrès de l’agriculture, tandis que dans les autres les forêts sont cantonnées, aménagées, exploitées régulièrement, et même au besoin artificiellement repeuplées. Il semblerait au premier abord que les contrées les plus boisées doivent fournir des produits innombrables et approvisionner le monde entier. Eh bien ! non, faute de main-d’œuvre ou de moyens de transport, la moindre partie de ces bois seulement est utilisée, et ce sont surtout les forêts cultivées qui approvisionnent le marché et pourvoient à nos besoins.

On conçoit donc combien il serait nécessaire, pour apprécier l’exposition des produits ligneux, d’avoir sous les yeux quelques renseignemens sur les lieux de production, et quelles idées fausses on est exposé à se faire, si l’on s’en tient au seul examen des collections. Malheureusement bien peu d’états ont compris cette nécessité, car, sauf pour la France et pour les colonies anglaises et françaises, tous les catalogues sont très incomplets. Nous essaierons d’y suppléer autant que nous pourrons dans l’étude que nous allons entreprendre.