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résultat par mille combinaisons mécaniques différentes que l’emploi de l’électricité permet de simplifier d’une manière extraordinaire. L’électricité offre en outre le moyen de transmettre les indications d’un instrument à de grandes distances ; on peut ainsi, par exemple, enregistrer à terre l’état d’un thermomètre suspendu à un ballon captif.

Le météorographe électrique qui a été installé en 1860 par M. Salleron au dépôt de la marine à Paris, où il fonctionne depuis sept ans, inscrit sur un même tableau l’état du baromètre, du thermomètre, la pluie, la vitesse et la direction des vents. Le météorographe que le père Secchi a fait construire pour le collège romain des jésuites est un peu plus complet, mais aussi moins simple et bien plus coûteux ; on en voit à l’exposition universelle une copie exacte. Cet appareil, qui représente à lui seul un observatoire météorologique fonctionnant presque sans interruption et sans qu’on ait besoin de s’en occuper, inscrit automatiquement sur un tableau mobile la pression de l’air, la température, l’humidité atmosphérique, la vitesse et la direction des vents, l’heure de la pluie et la quantité d’eau tombée pendant la journée. On y voit une multitude de petits bras d’acier, munis de crayons, aller et venir sur une tablette qu’un mécanisme invisible fait descendre avec une vitesse uniforme. On dirait des gnomes faisant leur besogne avec un muet empressement. L’un est chargé de surveiller la chaleur qu’il fait au dehors : sans cesse il crayonne des signes bizarres à la place qui lui a été concédée ; quand la température est stationnaire, il remue à peine ; quand le soleil se couche et que l’air se refroidit, le petit dessinateur se retire du côté où se marque le froid ; quand le soleil revient et réchauffe la terre, le thermographe court du côté opposé pour y consigner scrupuleusement les flots de chaleur dont l’air est inondé. Les zigzags de ces dessins en apparence capricieux parlent un langage plus clair que celui des chiffres ; ils conservent à jamais l’image fidèle des circonstances atmosphériques qui ont caractérisé le temps dans le courant du jour, ils permettent de confronter un jour avec l’autre et de reconnaître ce qui est constant et invariable dans ce tourbillon général.

Le baromètre à balance que le père Secchi a choisi pour son météorographe est une invention de sir Samuel Morland que ce dernier présenta au roi Charles II vers la fin du XVIIe siècle. C’est un tube de fer qui est suspendu au fléau d’une balance et qui plonge dans une cuvette remplie de mercure. les oscillations du balancier indiquent les variations de la pression atmosphérique. Le thermographe du père Secchi est celui qui a été imaginé par Kreil, et dont on se servait autrefois à Vienne et à Kremsmunster. C’est un long et gros fil de cuivre tendu dans l’air libre et attaché par un bout à un levier coudé qui transmet chaque contraction et chaque dilatation de ce fil jusqu’à l’appareil enregistreur. L’anémographe, qui écrit la force du vent, est un moulinet de Robinson. Il est formé d’une