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mérite et assure à l’empereur François-Joseph et à son laborieux ministre, les sympathies du libéralisme européen : c’est la largeur et la franchise des amnisties qu’il a prononcées et la cordialité avec laquelle elles ont été accueillies par tant d’hommes généreux et encore pleins d’ardeur que les anciennes dissensions avaient bannis de leur pays.

L’immense bill de la représentation du peuple continue à occuper la vie parlementaire anglaise. C’est une tâche encombrée de détails que M. Disraeli parvient à force d’esprit, de patience et d’humeur conciliante à conduire à une fin harmonieuse à travers les contradictions des partis. C’est un tour de force d’accomplir en Angleterre une loi de réforme électorale et parlementaire, et le prodige est à peu près achevé. Quelques clauses importantes relatives à la distribution nouvelle des districts électoraux avaient été ajournées ; elles vont être débattues et probablement votées sans altération grave. Ainsi un ministère qui ne dispose point d’une majorité parlementaire qui lui soit propre, qui est en minorité dans la chambre, a eu assez d’énergie, d’application, d’initiative et d’esprit de transaction pour rendre et au gouvernement parlementaire et au pays le service de terminer une controverse politique par laquelle une agitation bruyante et perturbatrice était entretenue autour de la constitution. Si M. Disraeli avait eu à sa disposition comme un gouvernement de notre connaissance la quasi-unanimité d’une chambre populaire, et s’il avait eu à faire voter par cette chambre des lois sur l’armée, sur la presse et sur le droit de réunion, il est évident que ce n’est point lui qui eût laissé finir le mois de juin sans avoir tenu les promesses du mois de janvier, et qui consentirait à donner des vacances à son parlement sans que les discussions qui devaient être pour lui l’œuvre de l’année eussent été seulement abordées. e. forcade.



REVUE MUSICALE.

Au Théâtre-Lyrique, les spectacles-concerts avec la Carlotta Patti et M. Vieuxtemps, son violoniste ordinaire, ayant fourni leur carrière plus ou moins brillante, on a fait débuter Mlle  Jeanne Devriès dans la Somnambule. Les momens sont précieux pour les théâtres, il s’agit donc de les bien employer, et jamais plus belle occasion ne s’offrit pour cette fameuse citation de time is money, qu’une plume formée aux agrémens du style doit savoir placer à tout propos. Élève distinguée de l’école de M. Duprèz, fille d’une mère artiste dont la Hollande et la Belgique ont apprécié les talens, Mlle Devriès se présentait environnée de sympathies, peut-être même qu’il y en avait trop. Ses amis, très nombreux, parlaient d’elle comme d’une Patti. C’était un tort ; mais, s’ils n’ont pas réa-