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crédit moderne. Un peu d’activité et de prospérité reparaîtrait dans le pays ; les relations des étrangers avec l’Espagne se ranimeraient ; moins troublé de soucis d’argent, le gouvernement serait peut-être moins rude envers les libertés publiques. Les négociations financières qui sont depuis le commencement la grande affaire du cabinet de Madrid semblent être au moment de produire des résultats. L’Espagne ferait des arrangemens équitables à propos de celles de ses dettes qui étaient en souffrance ? elle donnerait des secours et des espérances à ses compagnies de chemins de Fer, et en récompense elle obtiendrait le placement d’un emprunt. Il paraît que des circonstances locales ont jusqu’au dernier moment suscité les difficultés les plus obstinées à ces transactions financières. Le ministère s’était divisé ; le cabinet espagnol, si nous ne nous trompons, ne compte pas plus de huit membres ; pour faire prévaloir les projets de M. Barzanallana, le maréchal Narvaez a été obligé de se séparer de trois de ses collègues. La crise ministérielle étant terminée, le nouveau plan financier ne saurait tarder d’être exécuté. Dieu fasse que ce plan rende quelque aisance et quelque activité à la vie politique de l’Espagne !

En Italie, on semble revenir aux procédés logiques. On ne cherche plus parmi les banquiers et les capitalistes grands et petits de l’Europe des agens d’exécution contre les corporations ecclésiastiques dépossédées. L’état paraît consentir à se charger ouvertement et franchement lui-même de l’appropriation des biens du clergé régulier et des ordres religieux. C’est la chambre des députés qui a mis fin à l’équivoque. La commission nommée pour examiner les projets de M. Ferrara n’a pas consacré à cette étude le temps que met notre commission à étudier des budgets que jamais elle ne modifie : au contraire quelques jours ont suffi à la commission italienne, et en revanche elle a modifié profondément le projet ministériel. L’état prendra à son compte les biens d’église, il prélèvera 30 pour 100 de leur valeur qu’il tâchera d’escompter en négociant des obligations représentant les sommes de 300 millions pour la souscription italienne et 300 millions pour la souscription étrangère. La question est de savoir si cette masse de valeurs garanties par l’état et hypothéquées sur les biens d’église seront facilement prises par le public. Encore avec ces sommes on ne comblerait pas tout à fait le déficit tel qu’il existera à la fin de 1868. Si d’ici là on ne s’est pas assuré plus de 200 millions de ressources annuelles soit par des réductions de dépenses, soit par des produits tirés de taxes nouvelles, le déficit recommencera sur nouveaux frais. Ces nécessités sont comprises dans le parlement italien. On a commencé les économies en abolissant les grands commandemens militaires ; on veut augmenter les revenus en imposant des taxes nouvelles qui doivent rapporter 80 millions par an. On est loin encore des 200 millions qu’il faut faire par l’économie et par l’impôt. Tandis que l’état italien, tout occupé d’intérêts terrestres, se met à la torture pour trouver le moyen de payer ses dettes et ses dépenses, Rome,