Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 70.djvu/252

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donné le patronage des faibles, et ne songent plus qu’à la puissance toujours et simultanément menaçante et menacée des grandes agglomérations.

Nos finances étant grevées cette année d’une insuffisance qui se traduit par d’énormes crédits supplémentaires, il est évident que le budget ne pourra donner lieu dans les débats du corps législatif à aucune considération systématique sur le jeu des revenus publics et sur l’économie des dépenses. Quand l’équilibre est rompu dans un budget, les discussions les plus utiles et les plus opportunes auxquelles les questions de trésorerie puissent donner lieu sont celles qui portent sur les causes mêmes du déficit ; or ces causes sont toujours politiques. Dans les pays où le gouvernement représentatif est sérieusement pratiqué, on ne pardonne pas longtemps à un ministère l’hésitation ou le laisser-aller en matière de finances : lorsque dans ces pays le trouble financier a des causes politiques, on s’attaque résolument aux causes, on en combat l’influence avec énergie et promptitude. On peut mettre à profit les avertissemens apportés par la situation. On mesure à ces conséquences la politique d’où les embarras sont nés. On y persévère, mais pour la conduire le plus tôt possible à ses résultats décisifs, si elle parait conforme aux intérêts supérieurs du pays ; ou la répudie courageusement, si elle ne paraît inspirée d’aucune pensée avouable et réalisable. Comme dans ces gouvernemens les personnes sont unies aux choses par les liens exacts d’une responsabilité stricte, le sort des ministères est attaché aux votes des représentations nationales. On varie suivant la vicissitude des événemens et les nécessités des situations le personnel de la haute direction de l’état. On change les impulsions qui donnent le branle à l’activité des esprits ; on excite de fécondes compétitions entre les intelligences vouées aux affaires publiques. On ouvre des perspectives nouvelles à la nation, qui elle-même se renouvelle sans cesse. On est dans les conditions de la vie. La discussion du budget va nous apprendre ce que nous possédons de vie politique et ce que nous en pouvons espérer pour un prochain avenir.

Si les malheurs d’autrui pouvaient être une consolation pour un peuple puissant que des mésaventures politiques rendraient indolent et boudeur, la France aurait sujet de s’estimer heureuse en regardant les misères auxquelles sont en proie deux nations voisines, l’Espagne et l’Italie. Ces misères après tout doivent exciter nos sympathies, car les destinées de l’Italie et de l’Espagne ne peuvent point laisser la France indifférente. Les plus pénibles embarras dû moment pour ces deux sœurs de race latine sont les difficultés d’argent. Nous avons cru depuis quelque temps devoir encourager les tendances qui s’étaient manifestées à Madrid pour terminer les vieilles querelles de l’Espagne avec des créanciers gênans qui avaient eu l’art de lui fermer toutes les bourses européennes. Ce serait un grand point pour l’Espagne, si elle vivait en paix avec le