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gravée, par les événemens qui ont détruit l’ancienne confédération, et qui ont transmis effectivement l’action des forteresses rhénanes de l’ouest au pouvoir concentré de la Prusse.

Tout nous porte en ce temps-ci vers les intérêts de politique étrangère. Comment pourrait-on se dérober à ce spectacle des choses extérieures au moment où il va présenter au monde une scène aussi extraordinaire et aussi émouvante que l’entrevue de l’empereur des Français et de l’empereur d’Autriche à Saltzbourg ? Deux grandes douleurs vont se rencontrer dans ce rapprochement unique. Par la fatalité des situations, la France, depuis huit ans, a eu la main, de près ou de loin, dans toutes les catastrophes qui ont abaissé la puissance autrichienne, et maintenant, la part faite au deuil de la mort tragique de l’archiduc Maximilien, on se demande si une intimité de la politique française et de la politique autrichienne va sortir de l’entrevue de Saltzbourg. Pour notre compte nous ne voulons point de mal à l’Autriche, et nous regrettons une grande partie de celui qui lui a été fait. Il n’y a plus de cause d’antagonisme entre l’Autriche et la France. L’abaissement de la maison d’Autriche, cette ambition passionnée de nos ancêtres, est entièrement consommé. L’Autriche n’a été que trop vaincue, et mérite nos ménagemens les plus amicaux ; mais nous ne sommes point pour les alliances de sentiment ou de dépit. Il ne nous paraît pas plus avantageux en ce siècle qu’au dernier de passer du patronage donné aux premiers agrandissemens de la Prusse à l’alliance autrichienne d’engouement qui nous rapporta les échecs de Bohême et de Westphalie. Ne nous hâtons point de faire succéder à la politique dupée de Fleury la politique de boudoir ou d’imagination de Bernis et de Choiseul, qui eut des fins si tristes. Si le cabinet de Vienne était disposé à rentrer dans le mouvement des combinaisons diplomatiques, aurait-il la force nécessaire aux grandes entreprises ? Personne, ne saurait le croire. Que l’Autriche panse ses blessures ; les meilleures conquêtes, qu’elle puisse faire sont en elle ; son premier, son unique effort pour longtemps devra être d’établir quelque accord entre ses nationalités et de les habituer à l’influence d’une égale liberté. On aurait tort d’attribuer des projets d’élaboration politique à l’entrevue de Saltzbourg, qui garderait aux yeux du public un caractère plus élevé, si elle subornait à réunir des douleurs communes causées par une infortune extraordinaire.

Ainsi que nous n’ayons cessé de le prédire depuis l’ouverture de la session anglaise et à travers les discussions enchevêtrées, et les votes incertains et contradictoires, M. Disraeli a réussi à faire passer un bill de réforme, une nouvelle loi régissant la représentation du peuple. Un des caractères curieux de la confection définitive de cette loi, c’est qu’elle n’est point le monument de la victoire d’un parti sur un autre, c’est qu’elle est l’œuvre collective de tous les partis représentés dans la