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celui de Mysie, proche de l’Ida, et qui n’est pas la même montagne. Le même géographe est ailleurs plus précis. « Deux montagnes, dit-il, dominent la Propontide, l’Ida et l’Olympe mysien. Au pied de celui-là s’étend la Bithyhie ; la contrée qui environne cette montagne est bien peuplée ; dans les parties hautes, elle est couverte d’épaisses forêts. Le versant septentrional est occupé par les Bithyniens, le reste par les Mysiens. » On comprendra sans peine pourquoi quelques voyageurs modernes, tels que le colonel Leake, ont nommé Olympe bithynien cette montagne, dont le plus haut sommet s’élevait en Bithynie et abritait la capitale de cette province ; mais par la plus grande partie de son développement elle appartenait à la Mysie.

Ainsi l’identité de cet Olympe qui ferme si magnifiquement à l’orient l’horizon de Constantinople est bien établie. Il est moins facile de retrouver l’Olympe phrygien ou galate et de justifier ce nom, attribué par Kiepert, dans sa belle carte d’Asie-Mineure, à tout un long rameau, l’Ala-Dagh des Turcs, au nord de l’ancienne Galatie, au-dessus d’Angora (Ancyre), et parallèle à la Mer-Noire. Cette chaîne aurait été le théâtre de la défaite des Gaulois asiatiques par Cneius Manlius que rapportent Polybe et Tite-Live. Appien prétend que le combat fut livré dans l’Olympe mysien. L’erreur est manifeste : il suffit, pour la réfuter, de suivre dans Tite-Live l’itinéraire de Manlius ; mais si l’historien grec s’est trompé, c’est que pour lui, qui n’avait sur l’Asie que des notions vagues, l’Olympe asiatique par excellence était sur la Propontide, c’est que nulle autre montagne du même nom n’était parvenue à une égale renommée.

Le récit même de Tite-Live contredit l’indication du géographe allemand. Manlius, après avoir rencontré aux environs de Pessinunte les prêtres de Cybèle, qui lui apportaient les encouragemens des dieux, atteignit Gordium ou Juliopolis, petite ville célèbre par son commerce lointain. A l’approche des Romains, les habitans s’étaient enfuis dans les rochers de l’Olympe. Le consul remonta donc vers le nord, et campa le premier jour à cinq milles en-deçà de cette montagne, où se cachait l’ennemi. Le surlendemain, avec sa cavalerie, il en fit le tour sans être inquiété. Le combat fut un véritable siège : Manlius enveloppa l’Olympe et l’emporta d’assaut comme une citadelle. D’après la narration détaillée de Tite-Live, l’Olympe de Galatie était donc au nord de Gordium ; mais il paraît aussi que, loin de s’étendre sur une longueur de quinze ou vingt lieues, il ne formait qu’un pic détaché d’un contour peu considérable. Peut-être était-ce le Darwan-Dagh, montagne isolée qui s’élève à égale distance de Gordium et de l’Ala-Dagh, et qui concorderait mieux que ce dernier avec les détails de la première journée