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berceau que cette nature même qui les environnait, et qu’ils contemplaient en l’adorant. Ils n’ont eu ainsi conscience que d’un seul des deux principes qui ont formé leur religion ; mais ils en ont si bien connu la valeur, que nous pouvons, d’après leurs témoignages, localiser dans les différentes contrées du monde hellénique les symboles et les légendes, en suivre les développemens et la marche à travers les vallées de l’Asie-Mineure et de la Grèce septentrionale, à travers les îles et le Péloponèse, et faire en quelque sorte la géographie du polythéisme. Une croyance, d’abord confuse, chemine obscurément quelque part avec les populations voyageuses ; peu à peu les contours en deviennent de plus en plus précis, le sens métaphysique de plus en plus profond. Elle s’arrête enfin un jour au pied de quelque montagne, en vue de quelque grand tableau de la nature : une sensation mystique et poétique, c’est-à-dire créatrice, achève tout d’un coup la forme de la fable sacrée ; la légende flottante se fixe en un mythe. Deux contrées d’un aspect plus saisissant, la région du Bosphore et l’Arcadie, donnèrent à ces poètes une émotion si puissante qu’ils y ont rattaché les deux notions essentielles de toute religion : à la beauté souveraine et séduisante de l’une le séjour des dieux, qui ne s’ouvre pas encore aux élus ; à l’austérité mélancolique de l’autre, l’asile des âmes de ceux qui sont morts. Ces deux croyances résument le polythéisme tout entier, et nous pouvons encore demander le secret intime de son organisation définitive aux lieux mêmes qui les ont fait naître.


I

L’Olympe primitif des races aryennes fut sans aucun doute l’Himalaya. Il y eut, de cette montagne aux côtes de la mer Egée, une série d’Olympes dont le mont Mérou fut peut-être un des premiers, où il faut compter l’Albordji de l’Avesta, et qui marquèrent les étapes de la grande migration. Le premier Olympe grec, celui de Brousse, en face de Constantinople, dans l’ancienne Mysie, à distance égale du Bosphore et de l’Ida, indique le moment où la conscience de la race hellénique se révèle à elle-même. Nous disons le premier, car les Grecs, dans la suite des temps, donnèrent ce nom à un grand nombre de montagnes, et nous devons d’abord établir que celui-là nécessairement a précédé tous les autres.

C’est à lui en effet que nous ramènent toujours avec précision les témoignages des anciens relatifs à un grand Olympe asiatique. Hérodote, décrivant l’armée persique, mentionne les Mysiens, colonie lydienne, et qui du mont Olympe tire le surnom d’olympènes. Les poètes, suivant Strabon, confondent souvent l’Ida et l’Olympe. Quatre sommets de l’Ida portent ce dernier nom ; mais il y a aussi