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La province de Posen, au sud de la précédente, n’a pas d’aussi belles terres d’alluvion, et le sable y domine aussi dans toute la partie occidentale. Cependant le bassin de la Netze, dans le cercle de Bromberg, et celui de l’Obra présentent des prairies fertiles, et le climat y est moins défavorable à la végétation des récoltes d’été. Il y a une trentaine d’années à peine, la contrée était couverte de grands bois, continuation des sauvages forêts de la Pologne et de la Lithuanie, où vivent encore quelques représentans de l’antique race du bos urus, l’aurochsn qui est près de disparaître. Depuis lors on a défriché la plus grande partie de ces massifs forestiers. La terre arable prend 61 pour 100 de la superficie et les bois seulement 21, proportion inférieure à celle qu’offre le royaume, et qui est de 24 pour 100. Malheureusement la terre obtenue par le défrichement est encore très humide, remplie d’un humus aigre, exigeant beaucoup de chaux, d’engrais, et un drainage profond que le peu de pente du terrain rend souvent très difficile à exécuter. La densité de la population est un peu plus grande que dans la province de Prusse : elle est de 2,842 habitans au mille carré. La viabilité est meilleure, puisqu’il y a 5,550 mètres de voies par mille. Le prix des terres a beaucoup augmenté. Le cadastre le portait à 450 fr. l’hectare. En réalité, il dépasse maintenant 700 francs.

La province de Posen est, comme on sait, d’origine polonaise ; les Allemands s’y sont introduits peu à peu pour la germaniser. Il s’est produit dans le chiffre relatif des deux races de singulières vicissitudes. En 1815, il n’y avait que 160,000 Allemands contre 615,000 Polonais. En 1861, sur 1,467,604 habitans, il y avait 666,083 Allemands contre 801,521 Polonais. L’élément germanique avait donc fait d’étonnans progrès, puisque de 26 il s’était élevé à 83 pour 100 de l’élément slave ; mais à partir de 1861 celui-ci s’accroît rapidement, tandis que l’autre diminue. En 1864, on ne trouve plus que 75 Allemands pour 100 Polonais. Cela s’explique par un double mouvement d’émigration et d’immigration. Les Allemands émigrent vers l’Amérique, les Polonais, fuyant le joug russe, s’infiltrent en Prusse ; mais, par un mouvement continu, la propriété, paraît-il, passe des mains des Slaves dans celles des Allemands.

La Poméranie, qui s’étend des deux côtés des bouches de l’Oder, le long de la Baltique, est mieux partagée que les deux provinces précédentes. Les districts de Stralsund, de Stettin, l’île de Rugen et tout le littoral présentent des terres fertiles propres à la culture du froment, de l’orge et même de la betterave. L’intérieur du pays est plus médiocre ; le seigle et les sapins y reprennent leur empire. La proximité de la mer, la facilité des exportations, donnent aux produits agricoles à peu près la valeur qu’ils atteignent sur les marchés régulateurs de l’Europe occidentale. C’est un pays de grande