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défense : ils avaient, au moyen de barrages, inondé les approches. de la cité, fait rentrer dans la place la population de la banlieue et abattu les arbres, buissons et plantations qui pouvaient gêner l’action de l’artillerie. Les parlementaires qu’envoya Ronianovski furent reçus à coups de fusil. Après une reconnaissance faite simultanément par les deux corps et qui occupa toute la journée du 30, le général compléta l’investissement de la place en portant un fort détachement à deux milles à l’est de la ville pour couper les communications avec Khokand. A peine l’opération fut-elle terminée que de nombreux corps khokandis se montrèrent dans la plaine, essayant de provoquer une levée en masse des paysans, et de pénétrer dans la ville à la faveur de la nuit, tentative qui réussit en partie.

Le 1er juin, les Russes, qui avaient mis en batterie 2 mortiers et 18 pièces de campagne, ouvrirent un feu violent qui dura tout le jour et parut faire beaucoup de mal à la ville, où de nombreux incendies éclatèrent successivement. Le lendemain à trois heures, du matin, comme les colonnes d’assaut entraient dans les faubourgs, une députation du commerce de Khodjend, sous la conduite du khodja Hazamut, l’un des membres les plus considérés de la corporation des marchands, vint présenter sa soumission. La colonne suspendit sa marche en conséquence et reprit sa position un peu en arrière, pendant que la députation rentrait en ville, accompagnée de parlementaires russes. Malheureusement le parti de la paix, dont le khodja était l’organe, se trouva débordé presque aussitôt par celui des fanatiques, appuyé des bandes khokandiennes, et qui avait à sa tête les ak-sakal, (barbes blanches), c’est-à-dire les conseillers municipaux de la cité. Les parlementaires russes furent reçus comme le 29 mai à coups de fusil, Hazamut, fut emprisonné avec ses deux collègues, Kazi-Khan et Kazi-Kalian, et l’heure de midi, fixée par Romanovski comme dernier délai pour la reddition de la place, s’étant écoulée sans amener de solution pacifique, le bombardement recommença et dura jusqu’au 5 dans l’après-midi avec une vivacité soutenue. Le 5 au point du jour, les colonnes d’assaut furent formées une seconde fois. Le général russe avait reconnu que le point le plus favorable, pour l’attaque était la solution de continuité dont j’ai parlé plus haut, non loin de la porte de Naou, et ce fut sur ce point qu’il lança les troupes, après avoir porté un peu en arrière de cette porte un corps de réserve sous les ordres du major Nazarof.

Les Russes, bien masqués par les inégalités de terrain, les maisons et les jardins du faubourg, de Kalé-Naou, s’avancèrent sans être découverts jusqu’à un ravin situé à 300 mètres de la place, et