à relever le trône khokandien, et s’y succédèrent tumultueusement et rapidement, grâce à une série de trahisons et d’assassinats qui enlevèrent aux populations tout respect pour un pouvoir aussi dégradé. Dans le cours de ces révolutions, la frontière russe fut souvent violée par des incursions des Khirghiz du Khokand contre leurs compatriotes soumis à la Russie, incursions protégées par la garnison khokandienne d’Ak-Mesched, sur le Syr-Daria. Le gouvernement russe réclama, mais ses représentations n’amenèrent que de nouvelles insultes, et en 1851, à la suite d’une nouvelle rafle de 75,000 têtes de bétail faite par les Khokandiens, il devint nécessaire de les châtier en rasant leur fort de Koch-Kurgan. Cette leçon ayant été inutile, le général Perowski frappa un coup plus énergique en prenant Ak-Mesched même en 1853, et en battant le 17 décembre de la même année une nombreuse armée d’Ouzbegs, qui laissèrent sur le terrain 2,000 morts et 17 canons. La guerre de Crimée, survenue à la même date, empêcha le gouvernement du tsar de continuer ces opérations : on se contenta de se maintenir dans les positions conquises, et on laissa le Khokand se débattre dans son anarchie intérieure.
Une nouvelle révolution avait éclaté dans ce malheureux pays à la suite du désastre du 17 décembre 1853. Le souverain évincé s’était réfugié chez le jeune émir de Bokhara, Mozaffer, qui, en sa qualité de descendant de Timour, avait l’idée fixe et présomptueuse d’être le conquérant de l’Asie centrale et le restaurateur d’un nouvel empire mongol. Il promit son appui au prince détrôné, le rétablit dans ses états les armes à la main, et les deux khanats se trouvèrent de fait réunis dans les mains imprudentes de l’émir. Pendant ce temps, les agressions contre la Russie avaient continué, et les Boukhares de Mozaffer, occupant le Khokand à la suite de l’intervention, avaient pris une large part à ces hostilités. Aussi les représailles tombèrent-elles sur les uns et les autres. Dès 1861, les Russes prirent et détruisirent le fort ennemi de Yeni-Kourgan sur le Syr ; puis, après de nouvelles provocations, ils marchèrent au sud sur une ligne parallèle au fleuve, lentement, sûrement, en conservant toujours leurs communications avec la flottille à vapeur qu’ils y avaient organisée. Leurs opérations n’eurent une certaine activité qu’à partir de 1864. Ils prirent Hazret-Turkestan, dont ils firent le chef-lieu de leurs conquêtes projetées ; puis Tchemkent fut promptement enlevée, et la ville populeuse de Tachkend menacée à son tour.
Les premiers succès des Russes n’avaient pas effrayé Mozaffer ; il y avait vu au contraire une excellente occasion d’affermir son prestige dans le Turkestan en se portant comme le champion