Les plaisirs de la science sont sévères, mais ils ont quelque chose de parfait, de durable, d’achevé, qui manque à tous les autres. Il faut plaindre ceux qui sont incapables d’éprouver une jouissance en voyant se dévoiler à leurs yeux une vérité nouvelle, une loi de l’immortelle nature, ou, par d’ingénieuses et continuelles métamorphoses, un même principe engendrer une série ordonnée de conséquences imprévues. Jamais je n’ai, pour ma part, mieux ressenti ces émotions aiguës et subtiles de l’esprit qu’en étudiant l’ouvrage récent de M. Helmholtz sur l’acoustique. Après tant de travaux, de recherches et de découvertes sur le système nerveux, sur l’optique physiologique, sur la grande question de la transformation des forces, l’infatigable professeur de Heidelberg a abordé l’acoustique, et l’a, on peut le dire, renouvelée. Le livre dont je voudrais rendre compte suffirait à lui seul pour établir une haute réputation scientifique. Newton, Euler, Laplace, Poisson, avaient posé les fondemens de la théorie des vibrations sonores ; mais leur haute analyse ne s’était point abaissée jusqu’au monde concret de l’instrumentation. À côté de leurs formules restées sans application, l’acoustique enregistrait des expériences plus ou moins ingénieuses ; après ses