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les siècles la question du métayage, comme aussi les conditions intrinsèques de ce régime, les nécessités traditionnelles qui en découlent, et les améliorations qu’il doit nécessairement recevoir pour participer désormais au caractère progressif de notre société.


I

Le Périgord mériterait d’être visité pour lui-même et sans autre motif de curiosité. Les richesses si diverses que la nature y déploie, la plantureuse vigueur du sol sur tant de points, les pittoresques ondulations de coteaux fertiles et verdoyans, les vastes forêts de châtaigniers séculaires qui impriment à certains districts un air de majestueuse sévérité, comme aussi de nombreux monumens archéologiques épars en vingt endroits, suffiraient pour y attirer le flot sans cesse grossissant des voyageurs de fantaisie. Sur les rives d’aucun de nos fleuves on ne rencontre de vallées plus riches, plus riantes, plus animées, où l’on serait plus tenté de s’arrêter, que les vallées de la Dordogne et de l’Isle. Quoique profondément dissemblables l’une de l’autre, — celle-ci rappelant les rives plus septentrionales de la Loire, celle-là toute méridionale dans ses paysages et ses perspectives, — elles ont cependant ce trait commun, que la vie semble y couler à pleins bords.

Auprès de Périgueux, dans la verte et large plaine qui s’étend des murs de la cité jusqu’au gracieux clocher de Trélissac, la vue plonge au loin sur une suite de jardins, de bois, de prairies, d’habitations de plaisance capricieusement posées près du cours sinueux de l’Isle ou sur les hauteurs qui le dominent. Justement fière de ses antiquités romaines et gauloises, de ses églises romanes, de ses constructions du moyen âge, de ses larges promenades débouchant sur les plus beaux sites des campagnes environnantes, la ville de Périgueux peut passer pour une de nos cités de second ou de troisième ordre les plus originales et les plus attrayantes. Avec ses excellentes terres à blé, avec ses nombreux vignobles, avec ses vergers et ses pâturages, le Périgord fournit à tous les besoins de la vie matérielle. Il possède en outre un produit bien différent et fort recherché, dont la valeur capricieuse ne fait que grandir avec les goûts luxueux de notre temps. Néanmoins, bien que son nom soit lié indissolublement à celui du Périgord, la truffe n’est pas le produit principal du pays ; elle n’occupe qu’un rang très secondaire sur l’échelle de ses richesses. Les principales sont, dans le présent les céréales, les bestiaux et les vins, puis viennent les bois de toute sorte, puis les divers minéraux, enfin les produits de basse-cour, les plantes légumineuses et les fruits. Pour l’écoulement de