successives, il étendit son empire sur tout le pays compris entre la Mecque et le golfe Persique. Son règne, qui dura cinquante ans, ne fut qu’une série de guerres continuelles et toujours glorieuses. À sa mort (vers 1800), l’empire promis par Wahab était fondé. Quant à Wahab lui-même, il prêchait sans combattre ; il inspirait sans gouverner. Éloigné de toute occupation temporelle, il ne voulut accepter jamais ni pouvoir ni dignités. Il conserva jusqu’à sa mort le rôle de pontife. Il avait été l’âme, comme Saoud avait été le bras de la révolution politique qui venait de s’accomplir, et qui créait sur les ruines des anciennes principautés un vaste empire auquel son nom demeurait justement attaché.
Au milieu de ses triomphes inespérés, Saoud avait eu la prudence de ne s’attaquer ni aux districts de La Mecque et de Médine (ce qui l’eût brouillé avec la Turquie), ni aux provinces du nord-est, sur lesquelles la Perse prétendait exercer un droit de protectorat, ni au royaume d’Oman, qui occupe le sud-est de la péninsule et qui est gouverné par l’iman de Mascate. L’Arabie centrale suffisait à son ambition. Son fils Abdel-Asiz ne suivit point cet exemple de sagesse. À peine monté sur le trône wahabite, il envahit les provinces voisines de la Perse, s’empara des îles Bahrein et se jeta sur l’Oman, qu’il soumit à l’humiliation d’un tribut, en exigeant de plus (car il combattait au nom de la foi) que des mosquées orthodoxes fussent érigées à Mascate et dans les principales villes omanites. Un assassin, soudoyé, dit-on, par la Perse, l’arrêta dans le cours de ses succès. En 1806, après six ans de règne, Abdel-Asiz fut frappé d’un coup de poignard dans la mosquée de Dereyah, sa capitale. Il eut pour successeur son frère Abdallah, second fils de Saoud.
Abdallah ne songea d’abord qu’à tirer vengeance du meurtre d’Abdel-Asiz. Il ravagea les rives de l’Euphrate, couvrit le pays de ruines et de sang, puis, satisfait de ce côté, il se tourna vers La Mecque et Médine, dont le prestige tomba devant ses armes. À La Mecque, il dépouilla la Kaaba de toutes les richesses qu’y avait accumulées la piété des pèlerins ; à Médine, il viola les sépultures de Mahomet, d’Abou-Bekr et d’Omar, la doctrine wahabite condamnant la vanité des tombeaux. Tant de profanations devaient soulever la haine et l’indignation des musulmans, encore nombreux, qui, à l’intérieur même de l’Arabie, demeuraient fidèles à l’ancienne foi, et en même temps exciter le ressentiment de la Porte ottomane, qui se voyait directement atteinte dans ses intérêts politiques et insultée dans son prestige religieux par la conquête de La Mecque et de Médine. Abdallah eut donc à réprimer de nombreuses révoltes pendant que Méhémet-Ali, obéissant aux ordres du sultan, préparait une expédition contre lui.
L’armée égyptienne reprit immédiatement les deux villes saintes ;