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distances à meilleur marché. Sur le nombre de voyageurs transportés par les omnibus de Paris pendant l’année 1866, 17,331,217 ont profité du bénéfice des correspondances. Cette amélioration date de 1834 ; il en est une autre plus récente (1853) qui a permis d’augmenter singulièrement les facilités de transport. Douze places à 15 centimes ont été établies sur l’impériale des voitures et offrent ainsi aux ouvriers, aux fumeurs, aux jeunes gens un moyen fort économique de voyager. Le public a répondu avec empressement aux avances de l’administration, et tout le monde y a trouvé son compte, car en 1866 la banquette d’impériale des omnibus de Paris a reçu 42,590,517 personnes. Cette modification a nécessité un changement dans la construction des voitures ; on les a raccourcies de façon qu’elles ne puissent plus contenir que 14 personnes à l’intérieur. Un omnibus complet porte donc aujourd’hui 26 voyageurs[1], plus le conducteur et le cocher. Or 28 personnes représentent en moyenne 1,960 kilogrammes, la voiture en pèse 1,700 ; c’est donc un poids de 7,320 livres que les chevaux ont à déplacer, à faire mouvoir et circuler à travers les mille obstacles qui encombrent leur route. Aussi l’on comprend que l’administration des omnibus veille avec un soin tout particulier sur ses chevaux, qui sont généralement d’une vigueur et d’une beauté exceptionnelles.

Sa cavalerie, composée actuellement de 9,656 animaux, provient de Normandie, du Perche, des Ardennes et de Bretagne ; ils sont tous abondamment nourris, car le prix de chaque ration revient à 2 francs 59 centimes. Les omnibus n’emploient guère que des chevaux entiers ; s’ils offrent quelques difficultés pour le dressage, ils les compensent largement par leur force et leur entrain prolongé. L’administration des haras fait cependant de grands efforts pour propager l’usage des chevaux hongres. A-t-elle raison, a-t-elle tort ? Je ne saurais le dire, il y a là une question d’hippiatrique pour laquelle je décline toute compétence ; mais le but poursuivi me paraît facile à déterminer. On veut sans doute, en cas de guerre, avoir sous la main une remonte toute faite de chevaux très bien dressés, accoutumés à un service pénible, pour l’attelage de l’artillerie et du train : c’est assez bien imaginé ; l’entreprise générale, qui n’a encore que 7 ou 800 chevaux hongres dans ses écuries, est seule apte à juger quelle conduite elle doit tenir en face des exigences de son service et des besoins du public.

L’entreprise a distribué ses écuries, ses remises et ses magasins dans quarante-quatre dépôts, dont vingt-six lui appartiennent et

  1. L’entreprise expérimente aujourd’hui, sur les lignes courtes, planes et faciles de Paris, un nouveau modèle de voiture qui a 14 places sur l’impériale.