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y put entendre des voix autorisées proclamer avec fermeté la doctrine de l’indépendance de l’église dans l’état. « C’est à vous, s’écria un archidiacre au milieu des applaudissemens, c’est à vous, membres de la convocation, qu’il appartient de protéger l’église contre la législation de l’état ! Qu’est-ce que le parlement sans le clergé ? » Loin de réprimer ces discours, le primat de Cantorbéry semblait les encourager. Une décision importante passa à une forte majorité. L’assemblée déclara l’église d’Angleterre essentiellement une, et condamna toute la législation protectrice de la suprématie royale. Plus de cour d’exception, plus de compétence du parlement ! A la convocation générale du clergé appartenait le droit exclusif de représenter l’église ! — Pendant que, sous l’impulsion ou par la connivence du primat, la convocation de Cantorbéry présentait un semblable spectacle, celle d’York était plus agitée encore. Là aussi le clergé des diocèses s’était réuni avec les mêmes espérances et invoquant les mêmes principes ; mais le président de la sainte réunion était peu favorable à ces désirs. Dans une des séances les plus orageuses, l’archevêque interrompit un orateur, et, comme les assistans protestaient hautement, le président, prononçant une ancienne formule, ordonna aux huissiers « de balayer comme poussière hors du chapitre les membres de la convocation et de fermer la porte sur eux. » De toutes parts des réclamations s’élevèrent, et une ardente polémique s’engagea entre le métropolitain, ses suffragans et son clergé[1].

Le pays était à peine remis de ces vives émotions, lorsqu’un fait plus grave encore vint envenimer le débat. Vers le milieu de l’année 1861, l’on vit apparaître coup sur coup, sous le titre d’Essais et Revues, divers opuscules qui bientôt jetèrent le trouble dans plus d’une conscience. Par une bizarre analogie, ces pamphlets remettaient en mémoire ces fameux Tracts, jadis la cause de tant d’étonnement : même objet, même forme, même absence de plan général, même origine (plusieurs de ces écrits étaient signés par des professeurs d’Oxford), tout enfin donnait à cette œuvre une curieuse ressemblance avec celles de MM. Palmer et Newmann ; mais les tendances nouvelles étaient bien différentes. « La Bible, se demandaient les essayistes, est-elle dans son ensemble une œuvre sainte, le livre de Dieu ? — Non, répondaient-ils hardiment ; inspiration de l’Esprit-Saint alors qu’elle contient les choses nécessaires au salut commun, la Bible n’est trop souvent que le triste récit des méfaits d’un peuple barbare ou la légende d’une nation ignorante et crédule, » — et, partant de ce principe, les auteurs à l’aide de la

  1. Journal des Convocations (1855-1857).