sont tels qu’ils ont fini par frapper la chambre et le gouvernement. La question est d’un haut intérêt ; elle touche à l’essence de nos institutions. Vous souvient-il du dédain avec lequel les amateurs du pouvoir fort, les hommes du principe d’autorité, parlaient autrefois de la lenteur des procédés parlementaires ? Avec le pouvoir dans les chambres, disait-on, les affaires ne se font point. Lorsqu’il eut été décidé qu’en politique le cœur désormais serait placé à droite : — Vous allez voir, nous promit-on avec forfanterie, comme les choses vont marcher, et comme, délivré de l’initiative et des interventions minutieuses des chambres, le gouvernement va expédier les affaires. Eh bien ! l’expérience est faite aujourd’hui. La maturité des choses est tout, ripeness is all, comme dit Shakspeare ; notre nouveau système législatif est parvenu à une maturité avancée, et voici les résultats qu’il donne. La session est ouverte depuis quatre mois et demi, et la discussion n’a point encore abordé les quatre grands objets qui devaient lui marquer une place à part dans nos fastes parlementaires. On n’a point commencé encore la discussion ni du budget, ni de la loi de recrutement, ni de la loi sur la presse, ni de la loi sur le droit de réunion. On calcule que, si la chambre veut remplir le programme de cette session, elle aura encore à tenir plus de cinquante séances, ce qui la mènera jusqu’à la fin du mois d’août. Un pareil résultat ne peut s’expliquer par des causes accidentelles ; il provient d’un système faux et contraire aux pratiques imposées par la force des choses aux gouvernemens modernes. Ce n’est point l’alerte du Luxembourg, ce n’est point l’ouverture de l’exposition, ce n’est point la diversion des visites impériales et royales, qui ont attardé la chambre de cette façon. Le corps législatif ne parait même pas avoir attiré la curiosité des hôtes couronnés de la France. La lenteur des travaux parlementaires a au moins deux causes : la procédure réglementaire et la séparation trop absolue du pouvoir exécutif et du pouvoir parlementaire. Le travail des commissions, à notre avis très superflu, frappe le corps législatif de paralysie ; le renvoi aux commissions des amendemens que la majorité veut accueillir est une perte de temps bien inutile, et nécessite des formalités étranges de rapports supplémentaires qui n’ont plus de fin. Il y a là des inconvéniens pratiques et qu’il faudra faire disparaître par une réforme du règlement ; mais la cause la plus sérieuse de l’alanguissement de l’esprit d’irrésolution et de contradiction qui paralysent le corps législatif, n’est point là : elle est dans le système des rapports établis entre la chambre et le pouvoir exécutif. On se plaint même dans les régions gouvernementales de l’indécision et de l’indocilité de la chambre ; on déclare ne point comprendre les résistances imprévues d’une assemblée où le gouvernement possède une majorité si considérable et si dévouée. On ne voit pas que pour qu’une chambre soit appliquée, laborieuse et résolue, il faut qu’elle ait le sentiment qu’elle peut exercer une influence énergique sur le pouvoir exécutif. Les moyens pour une assemblée représentative d’acquérir
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