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Le diffus plaidoyer en faveur de l’exonération ne réconciliera ni les hommes de guerre, ni les citoyens doués de quelque esprit d’équité avec cette malfaisante institution, que, sans doute par amère ironie, on a qualifiée de démocratique. Elle tend à alourdir notre corps de sous-officiers, naguère alerte, intelligent, digne d’être envié par toutes les armées de l’Europe, et qui nous a donné plusieurs de nos généraux les plus justement estimés ; elle tend à dénaturer le caractère de notre armée, dont le désintéressement est un des titres au respect de la nation. Laissez à ceux qui donnent plus volontiers à l’état leur argent que leur personne le soin de chercher des remplaçais vigoureux et de bonne conduite. La juste sévérité des conditions imposées au remplacement en préviendrait les abus.

Il convient de citer en entier le passage suivant du projet de loi sur la réorganisation militaire :


« L’article 2 fait compter la durée du service, non plus du 1er janvier, mais du 1er juillet de l’année où les appelés ont été inscrits sur les registres matricules du corps.

« Dans l’état actuel des choses, les opérations du tirage et celles des conseils de révision exigent au moins cinq mois ; ce n’est guère avant le mois de juillet que ces opérations sont terminées, et l’appel ne peut se faire avant le mois d’août, de sorte que sept mois environ se trouvent perdus pour le service militaire, et si on tient compte des renvois anticipés dans les foyers, pour des raisons d’économie ou autres, avant l’époque de la libération, on voit que la durée actuelle du service est réduite en réalité à six ans. »


Après avoir si clairement prouvé que, dans la nouvelle loi, la durée du service serait diminuée d’une année seulement, on ne devrait pas affirmer à diverses reprises que la diminution sera de deux ans. L’article 2, dont parlait tout à l’heure l’exposé des motifs, dit textuellement : « La durée du service dans l’armée active ainsi que dans la réserve compte du 1er juillet de l’année où les appelés ont été inscrits sur le registre matricule des corps. »

Le service comptera-t-il du 1er juillet de l’année où, les opérations du tirage et de la révision étant terminées, le contingent est disponible ? ou bien, si l’appel du contingent est retardé pour des raisons financières ou politiques jusqu’au 1er janvier de l’année suivante, le service comptera-t-il du 1er juillet de cette dernière année, et dans ce cas les six mois passés sous les drapeaux ne seront-ils pas déduits des neuf ans imposés à l’armée active ou à la réserve ?

Les appelés ne pouvant être inscrits sur les registres matricules des corps que quand ils les ont rejoints, la seconde interprétation