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pendantes sont garnies d’épines : taillé tous les deux mois, il forme des haies qui sont des clôtures très élégantes ; le bambou, l’une des plus belles plantes de la zone tropicale ; le cœsalpinia sepiaria, ou épine du Mysore, dont Hyder-Ali se servit comme moyen de défense contre les Anglais en en faisant planter autour de toutes ses forteresses.

Indépendamment des jardins botaniques qu’il s’est appliqué à créer à proximité des principales villes et qui renferment la plupart des essences indigènes ou exotiques les plus utiles, le gouvernement s’occupe des moyens d’établir des jardins spéciaux pour les différens régimens stationnés dans les Indes. On espère avec raison agir utilement sur le moral des hommes en leur donnant un lieu de promenade agréable pour eux et leurs familles, et en permettant à chacun de cultiver à sa guise un coin de terre qui lui est abandonné. Les allées et les promenades sont à tous ; mais chacun a son jardin particulier dont il fait absolument ce qu’il veut. On reconnaît bien là ce besoin de se soustraire à la vie en commun, ce besoin de ne relever que d’eux-mêmes, qui distingue les Anglais et qui est la conséquence d’un sentiment profond de dignité personnelle.

Tous ces efforts prouvent que le gouvernement anglais a parfaitement compris l’importance de la culture forestière dans l’Inde, et qu’il a reconnu la nécessité d’intervenir directement pour assurer la conservation des massifs boisés. Il lui reste sans doute beaucoup à faire encore pour trancher les questions de propriété, établir partout des règles uniformes et organiser l’administration sur des principes mieux définis ; mais, à en juger par ce qui a déjà été fait, on peut compter que le reste ne se fera pas longtemps attendre. Cette sollicitude de la part de l’Angleterre nous a paru digne d’être signalée, alors qu’en France l’existence des forêts domaniales est incessamment remise en question.


J. CLAVE.