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environ 21 acres (8h50) par chaque mille (1,609 m.) de chemin de fer, pour assurer la régularité du service. On concède pour cet objet aux compagnies certaines étendues de jungles et de forêts qu’elles font exploiter à leurs frais en payant au gouvernement une légère redevance. A Madras, les besoins usuels en réclament annuellement plus de 100,000 tonnes, qui sont fournies par les jungles des environs. Les bois, coupés en bûches de trois ou quatre pieds de long, sont amenés sur des bateaux, et pour les conduire au marché on les suspend en faisceaux à une perche que deux hommes portent sur leurs épaules. On conçoit que l’approvisionnement d’une ville de 700,000 âmes soit chose assez importante pour que les autorités ne s’exposent pas à le compromettre en laissant anéantir les jungles qui se trouvent à proximité.

Si le gouvernement fait tous ses efforts pour tirer le meilleur parti possible des forêts existantes, il ne néglige pas ce qui peut contribuer à les maintenir en bon état, et les plantations qu’il fait témoignent de ses efforts dans cette direction. Les plus importantes sont celles qui ont été entreprises par M. Conolly, collecteur du Malabar, afin de créer des pépinières de teck, au moyen desquelles on pourrait repeupler les forêts. Après de premiers essais qui remontent à plus de vingt ans, M. Conolly choisit dans le voisinage de la rivière de Beypur, sur la côte occidentale, un vaste terrain de 25 milles carrés qu’il convertit en plantations de teck. Le procédé qui paraît lui avoir le mieux réussi consiste à échauder les graines dans l’eau bouillante afin de fendre l’écaille épaisse qui les enveloppe, et à les semer en pépinière après avoir débarrassé le terrain des broussailles et arbustes qui le couvraient. Au bout de trois mois, les jeunes plants sont assez forts pour être transplantés dans des trous de douze pouces de profondeur et distans de huit pieds les uns des autres. L’avenir de la plantation dépend surtout du sol et de l’exposition, qui doivent être ceux que la nature elle-même a assignés au teck. Comme le chêne, cette essence paraît affectionner les terres profondes et argileuses, car la végétation s’arrête dès que les racines rencontrent un obstacle qui les empêche de pénétrer plus avant. Pendant les premières années, il faut, au moyen d’élagages et d’éclaircies répétés, favoriser le développement et la croissance des jeunes plants. D’abord onéreuses, ces opérations ne tardent pas à couvrir les frais et même à laisser des bénéfices. Les perches provenant de ces éclaircies peuvent donner de petites charpentes ou être employées à faire des clôtures, des timons de voiture, des jougs, etc. Ce n’est pas seulement le teck que l’on cherche à propager, et dans ces derniers temps on a consacré des sommes importantes pour introduire dans l’Inde quelques essences