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sterling. La France et les pays où le système français était en vigueur n’avaient pas le choix, car il eût été inutile de frapper des pièces à l’ancien titre : aussitôt sorties du balancier, elles auraient été exportées, la rectitude du poids appelant la spéculation par l’appât d’un bénéfice assuré.

La Suisse fut la première à adopter la mesure, devenue inévitable, de réduire la petite monnaie d’argent à l’état de billon. Par la loi du 31 janvier 1860, elle abaissa le titre de ses pièces de 1, de 2 fr. et de 50 centimes de 900 à 800 millièmes de fin. En 1862, l’Italie l’imita, mais elle s’en tint au titre de 835 millièmes. La France, par la loi du 25 mai 1865, s’arrêta au même titre, mais ne l’appliqua qu’aux pièces de 50 et de 20 centimes. Les trois états avaient respecté l’écu de 5 francs. La Belgique seule était restée fidèle au système monétaire de l’an XI. Il en résultait qu’elle ne pouvait battre de petite monnaie, et qu’elle était réduite à se servir des pièces de plus en plus usées que le commerce des métaux précieux dédaignait comme trop avilies. C’est pour obvier à cette situation sans issue que le gouvernement belge fit, dans le courant de l’année 1865, des ouvertures au gouvernement français, afin d’arriver à une convention monétaire basée sur une réforme de l’ancien système faite de commun accord. Ces ouvertures furent bien accueillies à Paris, et la France proposa de réunir une commission internationale chargée de rechercher quelles seraient les meilleures conditions de fabrication et de circulation des monnaies en France, en Italie, en Belgique et en Suisse. Cette proposition devait être bien reçue, car ces quatre pays, ayant une législation monétaire sortie d’une source commune et entretenant d’importantes relations commerciales, devaient désirer l’adoption d’un intermédiaire commun des échanges. Par suite des lois nouvelles, le franc, conservé comme unité monétaire, ne représentait plus la même valeur dans les différens pays où il circulait. Ainsi le kilogramme d’argent monnayé en pièces divisionnaires, qui en Belgique devait encore contenir 900 grammes de métal fin et valoir 200 francs, n’en renfermait plus que 835 en France et en Italie, avec une valeur de 185 francs 55 centimes, et 800 grammes en Suisse, ne valant que 177 francs 77 centimes. Aussi les pièces suisses avaient-elles été proscrites des caisses publiques des autres états.

Les commissaires internationaux se réunirent à Paris dans l’hôtel du ministère des affaires étrangères, sous la présidence de M. de Parieu, vice-président du conseil d’état, le 20 novembre 1865. Tous étaient pénétrés de l’importance du but à atteindre et autorisés à se faire des concessions réciproques. Chacun des, quatre gouvernemens avait choisi des hommes parfaitement au courant de la question qu’il s’agissait de traiter. C’était pour la France M. de