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convention monétaire conclue récemment entre la France, l’Italie, la Suisse et la Belgique a fixé l’attention des autres nations. Les États-Unis, l’Angleterre surtout, ont été frappés des avantages qui en résulteront pour les pays qui désormais auront le même instrument de circulation, le même intermédiaire des échanges. Des économistes pratiques, des hommes spéciaux se sont mis à chercher par quels moyens l’on pourrait former une confédération monétaire universelle. Ce sont ces vues que nous voudrions faire connaître, afin de montrer comment il serait possible de les réaliser.


I

De nombreuses raisons, que le mouvement économique de notre temps rend chaque jour plus pressantes, semblent réclamer l’adoption d’un instrument d’échange international, circulant partout et consacrant la communauté d’intérêts qui relie tous les peuples. D’abord il en résulterait une grande commodité pour les voyages à l’étranger. Le nombre de ceux qui franchissent chaque année les frontières de leur pays est déjà très considérable, et il augmentera sans cesse à mesure que les relations commerciales se développeront et que les tarifs des chemins de fer seront réduits. Autrefois les riches seuls voyageaient ; aujourd’hui toutes les classes de la société, les ouvriers même, vont au dehors, attirés par l’intérêt ou par l’agrément. Or pour tout le monde, pour cette dernière catégorie de voyageurs surtout, c’est un grand ennui et fréquemment aussi un dommage d’argent que d’être obligé de se servir d’une monnaie étrangère dont on ignore la valeur exacte. La perte du change peut être assez minime, mais elle est particulièrement désagréable à subir. En outre l’absence d’une monnaie commune cause à chaque instant des froissemens qui irritent le voyageur contre les populations dont il traverse le territoire. En Allemagne par exemple, quand il faut passer en un jour du thaler au florin du Rhin, du florin du Rhin au florin d’Autriche, du silbergros au kreutzer, on ne peut se défendre d’un mouvement d’impatience d’autant plus vif qu’il est bien difficile d’échapper, aux petites voleries