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LE THEATRE

GALILÉE, DRAME EN VERS de M. F. PONSARD.
LES BREBIS GALEUSES, comédie de M. TH. BARRIERE.

Les sages personnes que le seul titre de la pièce de M. Ponsard avait mises en émoi doivent être à cette heure pleinement rassurées. Il a été représenté, ce Galilée qu’on voulait proscrire comme un injurieux défi jeté à une puissance trop éprouvée, et dans le succès qu’il vient d’obtenir il n’y a rien qui soit de nature à porter ombrage au respect des plus délicats pour l’autorité romaine. Comme on pouvait s’y attendre, ce sujet, gros de souvenirs amers et fait, disait-on, pour ranimer une querelle heureusement assoupie, s’est réduit tout naturellement entre les mains de M. Ponsard à un drame qui ne dépasse pas les proportions les plus bourgeoises. On y voit un homme de génie abjurant, pour l’édification des chercheurs aventureux, des opinions qui pourraient nuire à l’établissement de sa fille bien-aimée, et donnant ainsi un exemple de sagesse qui le recommande bien plus que ses découvertes à l’admiration des pères de famille. Entre dame Livie, qui conseille sagement au grand homme, son époux, de renoncer à des nouveautés malsonnantes ou du moins de ne pas les soutenir hors de propos, et l’intérêt prétendu de la vérité, le public de la première soirée nous a paru tout disposé à se ranger du parti de la bonne femme. Au moment où les supplications d’Antonia, la fille de Galilée, récitées avec beau- coup de véhémence par Mlle Favart, ont fini par ébranler l’obstination du vieillard, nous avons entendu un soupir de soulagement sortir de plus d’une poitrine. Des applaudissemens ont éclaté, et il nous a été impossible d’y voir autre chose qu’un hommage rendu au triomphe des senti-