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appareils, bruit nerveux, saccadé, presque aigre, tant il est sec, et qui, à force de se reproduire sans discontinuité, finit par ébranler les natures les plus vigoureuses. Jl faut avoir le courage de le dire, la rémunération d’un tel travail est illusoire. Après deux ans ou dix-huit mois de surnumérariat, nécessaire pour compléter une éducation télégraphique suffisante, l’employé reçoit l,400 fr. par an : c’est à peine le pain quotidien; il peut arriver successivement à émarger 1,600, 1,800, 2,100, 2,400 francs, mais en faisant un stage minimum de deux ans entre chaque augmentation. Ceux qui, après huit années de service, obtiennent la dernière somme sont les heureux, les prédestinés; en existe-t-il beaucoup? J’en doute, un sur deux cents peut-être, et je n’oserais l’affirmer. Une telle situation est singulièrement douloureuse, et en voyant la position qui est faite à des employés indispensables, dont le zèle ne se dément jamais, qu’accable un travail essentiellement difficile et énervant, n’est-on pas en droit de regretter certaines dépenses d’apparat qui se font tous les jours et qui sont au moins inutiles? La direction fait ce qu’elle peut pour soulager son personnel; mais que peut-elle en présence du budget? Quant au local où elle a parqué ses agens, il n’y a guère de reproche à lui adresser, car elle a utilisé l’emplacement insuffisant qu’on lui a concédé. N’est-il pas étrange que le bureau central soit précisément placé dans un quartier excentrique? Loin de la Bourse, loin des rues commerçantes, loin des Tuileries, loin du ministère de l’intérieur. Il n’y a que la France pour présenter de telles et si choquantes anomalies. Au lieu de construire tant, de si grandes, de si dispendieuses casernes, n’aurait-il pas mieux valu élever une administration des télégraphes convenable, placée en rapport avec les services qu’elle est appelée à rendre et avec les besoins toujours croissans de la population? Notre hôtel des postes est honteux, notre hôtel des télégraphes est absurde. Il serait temps cependant de porter remède à ce fâcheux état de choses qui frappe tous les yeux et menace sérieusement le bon fonctionnement des services publics. On va, dit-on, ouvrir un nouveau boulevard sur l’emplacement actuel du théâtre du Vaudeville. La situation est indiquée d’elle-même : c’est là que doit être établie l’administration des lignes télégraphiques, en face même de la Bourse, avec laquelle elle a les relations les plus nombreuses, non loin des Tuileries, non loin des halles, qu’elle pourra rejoindre par un tube pneumatique.

Le poste central, dont j’ai essayé de donner une idée au lecteur, a en moyenne un mouvement journalier de 10,089 dépêches qui se décomposent ainsi : transit 3,419, province pour Paris 3,358, étranger pour Paris 1,962, Paris pour Paris 1,350. Le mode d’expédition est fort simple. La dépêche à destination de Paris, parve-