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de François Ier et qui le mit dans l’alliance définitive de Charles-Quint.

L’évacuation du royaume de Naples, la perte du littoral de la Ligurie, furent suivies d’un dernier revers en Lombardie. Les confédérés étaient demeurés les plus forts dans cette partie de la péninsule italienne. Lorsqu’on rentra en campagne au printemps de 1520, l’empereur, qui préparait une flotte et une armée pour aller achever la soumission de l’Italie, avait envoyé par Gênes deux mille Espagnols de renfort à Antonio de Leyva. Malgré l’arrivée de cette petite troupe, les impériaux n’avaient pas tenu la campagne et s’étaient enfermés dans Milan. Le comte de Saint-Pol avait pris sur eux Serravale, Bassignana, Mortara, les citadelles de Vigevano et d’Abbiate-Grasso, Sant-Augelo et San-Colombano, tandis que le duc d’Urbin avait occupé tour à tour Cassano et San-Martino à l’est et à l’ouest de Milan, qui restait seul, avec Como, entre les mains d’Antonio de Leyva. Les trois chefs des troupes confédérées, le comte de Saint-Pol, le duc d’Urbin et le duc Francesco Sforza, s’étant alors réunis, mirent en délibération s’ils attaqueraient Milan de vive force. Ils y parurent d’abord résolus; puis la timidité l’emporta, et ils finirent par décider qu’on serrerait de près cette ville, dont le territoire n’avait pas été ensemencé, où les vivres manquaient, et qu’on y affamerait les impériaux comme Lautrec avait espéré les affamer dans Naples. Il fut convenu que les Vénitiens s’établiraient à Cassano et à Monza, que le duc Sforza se posterait à Pavie et à Vigevano, et que le comte de Saint-Pol, placé à Abbiate-Grasso, garderait tout le Haut-Tessin.

Ce plan, dont les effets ne pouvaient être que très lents, ne fut pas même suivi avec persévérance. Le comte de Saint-Pol, très brave, mais non moins inconsidéré, se laissa emporter à une autre entreprise. Ayant appris qu’André Doria était allé avec ses galères vers les côtes de Catalogne pour y chercher l’empereur et le conduire en Italie, il espéra que l’absence du libérateur de Gênes lui rendrait plus facile la conquête de cette ville. Il quitta Abbiate-Grasso en prétendant que le duc d’Urbin et le duc Sforza suffisaient pour intercepter les vivres à Milan. Il mit ses troupes en mouvement et descendit vers le Pô, qu’il voulait passer un peu au-dessous de Pavie, afin de marcher ensuite du côté de Gênes. Arrivé le 20 juin 1529 à Landriano, il se proposait d’atteindre le lendemain Lardirago en se rapprochant du Pô. Il avait envoyé devant lui son avant- garde, son artillerie et ses bagages, et avait été retenu avec le reste de ses troupes par un grand orage qui avait démesurément grossi les cours d’eau qu’il avait à traverser. Lorsqu’il se remit en marche, non sans être retardé par des terrains détrempés dans des passages difficiles, il fut attaqué à l’improviste sur ses derrières.