Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 68.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

condition de leur fidélité. Il en trouva pour tout le mois de mai et pour le commencement du mois de juin[1]. Il rendit compte à l’empereur, par la voie de mer, de l’état de royaume, de la situation de l’armée, du peu de ressources qui restaient dans Naples. L’assurant qu’il tiendrait tant qu’il pourrait, il le suppliait de lui envoyer sur une flotte espagnole des renforts de troupes et de l’argent comptant, afin d’augmenter et de contenter son armée, à laquelle il était hors d’état de fournir une seule paie, le royaume ne rendant plus rien, et les lettres de change que l’empereur lui avait transmises ne trouvant plus personne qui les acquittât. Il écrivit aussi à l’archiduc Ferdinand de faire descendre au plus tôt en Italie les lansquenets que le duc Henri de Brunswick levait en Allemagne, pour qu’ils vinssent soutenir la puissance menacée de l’empereur et secourir son royaume de Naples envahi.


II.

Lautrec arriva près de Naples au moment où les impériaux venaient d’éprouver un grand revers. La guerre s’était poursuivie avec des moyens et des effets divers contre toutes les possessions de Charles-Quint, vers les Pays-Bas, sur les côtes de la Catalogne, dans les îles de la Méditerranée. André Doria, monté avec Renzo da Ceri et des troupes de débarquement sur une flotte considérable, était parti pour faire une descente en Sicile. Poussé par les vents contraires en Sardaigne, il avait débarqué ses troupes dans l’île, où elles avaient d’abord tout emporté; mais leurs succès avaient été arrêtés par le manque de vivres et par les maladies, qui avaient contraint d’évacuer l’île à moitié conquise. A la suite de cette tentative infructueuse, le neveu du grand marin génois, Philippino Doria, tout à fait digne par son habileté comme par sa valeur de cette parenté glorieuse, était allé avec huit galères, quelques brigantins et plusieurs navires de moindre dimension croiser dans les environs de Naples. Il s’était posté à Capo-d’Orso, du côté de Salerne. De là, sans fermer le port de Naples, dont il surveillait le golfe, il empochait d’y pénétrer les barques qui apportaient du blé et des vivres de la Sicile. Afin de rendre la mer libre, le vice-roi Ugo de Moncada conçut le projet de surprendre, d’attaquer, de détruire la flotte génoise qui interceptait le passage. Il arma six galères, quelques fustes, trois brigantins et tout ce qu’il

  1. « Et si e trovato che potramo durar fin al ultimo di maggio o al piu alto a mezo il mese de zugno. »