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même, il faut bien le dire, le rendit encore plus cher à celle qui la lui inspirait.

Mieux que jamais, à partir de ce jour, le beau-père de Mme de Novion la trouva invinciblement rebelle à ses vœux, et, désespérant du succès de ses obsessions, il essaya de se guérir en portant à d’autres les hommages dont elle ne voulait pas. Ce fut le temps où la belle Mme de Rupierre le vit se mettre en frais de galanterie. Il donna plusieurs fois au Mesnilmontant, chez M. Housset, qui lui prêtait sa maison, des fêtes dont elle fut l’héroïne; mais la dame, aimable et bien faite d’ailleurs, de plus fort portée à se divertir, n’en était pas moins au fond une personne de mérite et d’une vertu assez solide pour résister à de pareils assauts. Elle acceptait les plaisirs sans se croire obligée à trop de reconnaissance, et le président s’assura bientôt qu’il perdait sa peine. Comme il était de ceux à qui le rôle de souffre-douleur n’a jamais convenu, il porta ses hommages autre part, et choisit une personne dont il ne devait attendre aucun rebut. Mme *** ne lui marchanda pas longtemps la récompense de soins que nul autre ne songeait plus à lui rendre. Cette inclination, qui paraissait assez forte, n’empêcha pas le président de nouer et d’entretenir commerce avec plusieurs autres femmes de néant, et il s’y adonna de manière à devenir la risée de la ville entière. Mme la présidente de Novion, qui certes n’avait point le travers d’une jalousie tardive, mais qui souffrait de voir son mari mener une vie si peu conforme à sa condition, crut devoir se retirer, vers ce temps, dans une maison de campagne aux environs de Paris

Après une année ainsi consacrée à des fantaisies de tout ordre, le président s’en lassa, et, plus épris que jamais, plus importun et plus audacieux que par le passé, il inspira de telles craintes à sa belle-fille, qu’elle dut, malgré l’éclat d’une telle mesure, quitter l’hôtel de Novion, où la présence de la présidente ne la protégeait plus contre d’indignes tentatives, pour se retirer, elle aussi, dans une maison que Mme de Bercy, sa mère, habitait près de Vincennes. Son beau-père demeura convaincu, bien à tort, que ce parti lui avait été suggéré par M. de Fresne; il en rendit ce dernier responsable, et à compter de ce jour il ne garda plus vis-à-vis de lui aucune mesure, guettant et cherchant à faire naître l’occasion de le perdre sans retour.


V.

Ici se présente un nouveau personnage, demeuré jusqu’à présent sur le second plan, et qui va se trouver tout à point sous la main du président pour l’aider en ses machinations funestes. Mme de