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L’ANGLETERRE
ET
LA VIE ANGLAISE

XXXIII.
LA MARINE BRITANNIQUE.
III. — LES MARCHANDS DE LA CITÉ, LE SAILOR’S HOME ET LES ÉCOLES SUR L’EAU.

Un fait a lieu d’étonner, c’est que les vieux poètes anglais, bien que fils d’une nation maritime, ont très peu compris les vraies beautés de l’océan. Shakspeare lui-même en parle comme d’un ennemi ou comme d’un moyen de défense nationale; mais en général il n’a guère en vue que l’inconstance des phénomènes troublant la surface des flots, et, s’il veut peindre le caractère d’Hamlet, il se sert de cette comparaison célèbre : « fou comme la mer et le vent. » Il restait pourtant à chercher des lois là où les anciens n’avaient soupçonné que de sombres caprices de la nature. C’est la science qui a découvert depuis moins d’un siècle la véritable poésie de la mer. Les capitaines de vaisseau en sondant les profondeurs de l’abîme, les météorologistes en étudiant la charte des vents et les causes des tempêtes ont beaucoup contribué à dissiper de vaines et superstitieuses terreurs. Depuis qu’on craint moins cette masse d’eau agitée, on l’admire davantage. Byron, né dans un temps où l’audace de l’homme s’était accrue avec la connaissance des lois qui régissent l’univers, se montre beaucoup moins