Le spectacle et le mouvement des affaires contemporaines, si grands et
si graves qu’ils puissent être, ne sauraient détacher les hommes publics
qui ne sont point inférieurs à leur vocation de l’étude de la politique dans
l’histoire. Par une réciprocité naturelle, si l’histoire fournit aux hommes
d’état les enseignemens et les inspirations de l’expérience, ce sont aussi
ceux qui ont mis la main dans les affaires et ont vécu dans la société
familière des hommes d’action de leur époque qui savent lire avec la pénétration
la plus vive et décrire avec l’exactitude la plus nette les lois de
l’histoire dans la politique du passé. On verra bientôt, nous n’en doutons
point, une réussite de cette sorte dans un volume de M. Jules Van Praët,
qui vient de paraître sous le titre d’Essai sur l’histoire politique des derniers siècles. On sait dans toute la société politique européenne le rôle
distingué et discret que M. Van Praët a rempli pendant plus de trente ans
auprès du roi Léopold Ier de Belgique. Ceux qui s’intéressent aux études
d’histoire goûteront dans l’ouvrage du ministre belge les qualités d’un amateur
consommé de l’art politique. Prenant son point d’observation dans
sa propre patrie, dans ces Pays-Bas autrefois unis, divisés depuis le
XVIe siècle, autour desquels les grands politiques européens ont ramené
tous leurs plans pendant quatre siècles, il suit dans la succession de ces
combinaisons les progrès de l’art et de la science politiques en Europe depuis
Charles-Quint jusqu’à nos jours. Grande destinée de ces Pays-Bas devenus
la Belgique et la Hollande, qui, réunis à des provinces aujourd’hui
françaises, pouvaient former sous les ducs de Bourgogne les élémens d’une
monarchie puissante et prospère, que Charles-Quint eut un instant l’idée
de constituer en état indépendant, et qui, tout en produisant eux-mêmes
des hommes de premier ordre, ont exercé le génie des plus grands politiques
modernes ! Ce sont ces hommes, Charles-Quint et François Ier, Philippe
II, d’Egmont et le Taciturne, Richelieu, Cromwell, Guillaume III, que
M. van Praët montre tour à tour dans son exploration historique, et qu’il
dépeint d’un style substantiel et net, par des traits vifs, justes et profonds,
que trouve naturellement dans son esprit un écrivain qui a été associé
toute sa vie aux hommes qui font l’histoire. e. forcade.
Dans le magnifique ensemble du spectacle qu’offre le littoral maritime, les courbes harmonieuses des rivages sont un des traits qui charment le