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les côtes occidentales du premier des deux royaumes, on reconnaît deux dépôts superficiels : 1° un dépôt inférieur composé d’argile compacte non stratifiée contenant des blocs erratiques anguleux, mais rarement des coquilles ou d’autres restes organiques, ce dépôt est connu en Écosse sous le nom de till; 2° une couche d’argile lamellaire (laminated clay) recouverte de sable et de gravier, et renfermant des coquilles marines abondantes, surtout dans l’argile lamellaire. Ce dépôt, fort développé dans le bassin de la Clyde, près de Glasgow, a été particulièrement étudié par Edward Forbes et M. Smith de Jordanhill[1]; ils y ont trouvé un mélange de coquilles marines existant encore dans les mers voisines[2] et de coquilles arctiques[3], indice d’une mer plus froide et d’un climat plus rigoureux : les dernières, rares ou inconnues dans les mers de l’Écosse, vivent encore dans celles du Labrador, du Groenland ou du Spitzberg, en un mot dans les régions polaires. La plupart de ces mollusques occupent une aire très étendue dans les profondeurs des mers du nord, et se retrouvent depuis les côtes d’Angleterre jusqu’à celles de l’Amérique boréale. J’ai vu moi-même ces coquilles, qui se sont admirablement conservées, dans l’argile exploitée pour la poterie à Paisley, près de Glasgow.

M. Jamieson[4] a fait des observations analogues sur les côtes orientales de l’Écosse, principalement dans le comté d’Aberdeen, entre les estuaires de Forth et de Moray. Cinquante-quatre espèces ont été trouvées dans douze localités de ce district; quelques-unes, comme celles d’Annochie, sont presque au niveau, et même au-dessous de la mer; d’autres, telles que celles découvertes à Gamrie, sont à 50 mètres, et celles d’Auchleuchries à 90 mètres d’altitude. Ces cinquante-quatre espèces se retrouvent toutes dans les mers arctiques, trente-deux vivent encore sur les côtes des îles britanniques, vingt seulement ont été même pêchées au sud de l’Angleterre. Ces chiffres suffisent pour affirmer que cette faune malacologique avait un caractère essentiellement boréal, et que la mer d’Écosse, où ces espèces prospéraient alors, était plus froide que

  1. Researches in newer pliocene and post-tertiary Geology, 1862.
  2. Exemples : Astarte multicostata, A. scotica; Balanus costatus, B. crenatus; Buccinum ciliatum, B. undatum; Cardium edule, suecicum; Corbula nucleus; Cyprina islandica; Dentalium dentale; Fusus antiquus, F. carinatus, F. propinquus; Littorina littoralis; Mya arenaria, M. truncala; Mytilus edulis: Natica clausa, N. groenlandica; Nautilus Beccarii; Ostrea edulis; Pecten maximus: Saxicava rugosa: Solen siliqua; Tellina baltica; Trichotropis borealis, Trochus magus, T. tumidus; Venus pullastra.
  3. Exemples : Astarte borealis, A. compressa, A. crebricostala, A. elliptica, A. udevallensis; Balanus udevallensis, Leda truncata, Mya udevallensis, Pecten islandicus Tellina calcarea, etc.
  4. On the history of the last geological changes in Scottland, 1865.