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lassé, à enfin l’honneur incomparable en Angleterre d’attacher son nom à une de ces réformes de la constitution britannique qui commencent une ère dans l’histoire. C’est le digne couronnement d’une vie politique. L’autorité personnelle de M. Disraeli sur son parti et sur les affaires sera augmentée par un succès dû en grande partie à la modération polie et à la bonne grâce avec lesquelles il sait conduire la chambre des communes.

Tandis qu’un ministère appliqué vient à bout en Angleterre d’une situation confuse et difficile, les bons résultats des élections ont été compromis en Italie par la retraite de M. Ricasoli, imprévue et soudaine comme un caprice. Tout le monde s’accordait à dire que les élections avaient envoyé au parlement une majorité sensée, que les principaux chefs politiques étaient disposés à faire taire toutes les rivalités de personnes, que tout le monde allait se mettre à la tache commune, la restauration des finances. Ces belles prophéties sont déjouées, et M. Rattazzi, recomposant péniblement un cabinet, revient à la direction des affaires. M. Rattazzi passe pour un des hommes d’état italiens qui sont le plus attachés à l’alliance française. Son arrivée au pouvoir dans les circonstances présentes n’est donc point indifférente à la France. Le cabinet qu’il a formé est un peu terne. Parmi ses collègues, celui qui attirera le plus l’attention est le ministre des finances, M. Ferrara, ancien collaborateur de M. Sella. La besogne que M. Ferrara va entreprendre n’est point aisée. Ses premières communications aux chambres ne peuvent manquer d’exciter un vif intérêt.

L’Académie française a célébré cette semaine une de ses plus intéressantes solennités. M. Cuvillier-Fleury y était reçu, et avait, en traçant le portrait de son prédécesseur, M. Dupin, à replacer une figure bien vivante, bien originale dans le cadre de l’histoire contemporaine. Avec son énergie au travail, son bon sens, sa nette éloquence, ses saillies et les incohérences de sa conduite politique, M. Dupin a été un des représentative men de notre pays et de notre temps. Et qui pouvait le mieux juger qu’un témoin aussi sagace, aussi éveillé, placé à aussi bonne loge que le nouvel académicien. La réception de M. Cuvillier-Fleury a été une véritable fête pour la société et la littérature parisiennes. La sympathie générale qu’excite sa présence à l’Académie, récompense d’une vie littéraire si distinguée, lui a été amplement et dignement témoignée par l’auditoire ami qui a écouté et applaudi son remarquable discours. e. forcade.




ESSAIS ET NOTICES.
L’EMPIRE DU MILIEU, par M. le marquis de Courcy ; 1 vol. in-8o, Didier.

L’immense empire chinois, qui enferme dans ses frontières un territoire égal à la dixième partie du globe, où vivent 350 millions d’hommes unis