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lui offrait pour la délivrance de ses enfans; il refusa en se montrant surpris qu’une pareille proposition lui vînt du cardinal Wolsey, qui se disait son ami. Il ajouta qu’il ne céderait ni pour deux ni pour dix millions, qu’il n’avait aucune confiance dans le roi de France, avec qui les traités ne suffisaient pas, et qu’il n’entendait faire la paix qu’en prenant de bonnes sûretés. « Mais, dit le docteur Lee, puisque votre majesté a déclaré qu’elle ne voulait pas insister absolument sur la Bourgogne, que demande-t-elle à la place ? — Ce n’est pas deux millions de couronnes, répondit l’empereur, ni aucune somme d’argent. Je désire par-dessus tout avoir la certitude d’une paix durable et pouvoir m’avancer avec toutes mes forces et sans crainte contre les Turcs. Le roi de France m’a trompé; je ne peux plus avoir confiance dans ses promesses. » Charles-Quint se plaignit de Clément VII aussi vivement que de François Ier. « Le pape, dit-il, a donné mon royaume de Sicile et le gouvernement de Naples à mon vassal le sieur de Vaudemont. Sa conduite envers moi me porte à ne plus le regarder comme pape. Quant à toutes les excommunications qu’il peut prononcer, j’en appellerai au prochain concile général[1]. »

C’est après cette inutile tentative de médiation que Henri VIII apprit les sinistres événemens du centre de l’Italie. En portant à la connaissance du roi son maître la prise et la dévastation de Rome, Wolsey lui avait écrit : « Votre grâce verra comment la plus détestable, cruelle et maudite tyrannie des impériaux s’est exercée sans respect sur les choses les plus saintes, les reliques des saints apôtres et martyrs, le précieux sang et le corps du Christ, chose qui doit être abhorrée et pleurée de tous les chrétiens, et comment le pape et les cardinaux, plutôt que de se soumettre aux damnables conditions des impériaux, sont résolus à tout souffrir, espérant qu’ils seront secourus des princes de la chrétienté. Vous verrez également ce qu’ont à faire le roi de France, les Vénitiens et l’armée de la ligue, aussi bien par terre que par mer pour ce dessein. J’ai bonne espérance que la sainteté du pape et les cardinaux seront délivrés. Votre grâce est intéressée à faire à ce sujet autant qu’il peut se dire[2]. »

Henri VIII donna immédiatement au cardinal Wolsey les pouvoirs nécessaires pour aller sur le continent s’entendre avec le roi de France et les Vénitiens, afin de pourvoir à l’exécution des derniers traités et de venir en aide au pape[3]. Outre les raisons générales

  1. Dépêches de l’évêque de Worcester et du docteur Lee des 16 et 17 avril 1527. — Ibid. Mus., ms. Vespasien c. 4, p. 94 à 102, — et dans Turner, Henri VIII. vol. II, p. 107 à 110.
  2. Lettre de Wolsey à Henri VIII du 16 juin 1527. — State Papers, t. Ier, p ; 190, 191.
  3. Dans Rymer, vol. XIV, p. 199.