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d’une façon assez blessante envers elle, épouserait ou François Ier ou son second fils le duc d’Orléans. La paix était déclarée perpétuelle[1] entre les deux princes. Henri VIII renonçait aux prétentions qu’il avait jusque-Là maintenues à la couronne de France, moyennant une redevance annuelle de 50,000 écus pour lui et de 15,000 pour ses successeurs. Des ambassadeurs extraordinaires iraient de la part des deux rois exhorter l’empereur à la paix et l’inviter à délivrer, en recevant deux millions d’écus d’or comme rançon, les deux fils de François Ier qu’il tenait en otages, et à payer les sommes d’argent qu’il avait depuis longtemps empruntées au roi d’Angleterre. « Si l’empereur, était-il ajouté, dans l’obstination de son esprit, rejette ces équitables conditions, le repos du monde exige qu’il soit employé des remèdes plus sévères, afin que celui que touchent peu d’amicales interventions et le bien universel soit contraint à la paix par les armes, qui l’y amèneront plus promptement. Dès que l’empereur aura refusé les offres qui lui seront faites ou vingt jours après qu’il sera resté sans dire qu’il veut les accepter, les deux ambassadeurs des deux très puissans princes lui intimeront la guerre ou la lui feront déclarer par des hérauts d’armes. Les deux très puissans princes, unis pour procurer la paix au monde chrétien, entreprendront alors une guerre offensive contre l’empereur[2]. » Cette guerre devait être poursuivie tant dans les Pays-Bas, où Henri VIII enverrait 10,000 hommes, qu’en Italie, où François Ierferait descendre une armée de 30,000 combattans. La double attaque projetée devait être secondée par des forces maritimes considérables, soit dans la Manche soit dans la Méditerranée.

Les ambassadeurs ordinaires de Henri VIII étaient déjà intervenus en Espagne, au nom de leur maître, pour ménager un accord entre l’empereur, qui commençait à désespérer d’avoir la Bourgogne, et le roi de France, qui offrait à la place une forte somme d’argent. L’évêque de Worcester et le docteur Lee, le 25 avril 1527, cinq jours avant le premier traité conclu entre Henri VIII et François Ier et onze jours avant la prise de Rome par l’armée du duc de Bourbon, avaient demandé pour cela une audience de l’empereur à Valladolid. Ils l’avaient trouvé fort grave, et attendant avec une froideur silencieuse qu’ils exposassent ce qu’ils avaient à dire. Les ambassadeurs l’ayant pressé de faire la paix, il répondit brièvement et d’un ton résolu qu’il avait donné à connaître au monde qu’il ne voulait pas autre chose et qu’il était suffisamment justifié, si la paix faite à Madrid n’avait pas été conservée. Les ambassadeurs l’engagèrent à accepter les deux millions d’écus d’or que le roi de France

  1. Traité du 30 avril 1527. — Dumont, Corps diplomatique, t. IV, part, I, p. 477 et 478, et Rymer, Fœdera, t. XIV, p. 218.
  2. Ibid., Dumont.