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LES MONASTERES
ET
LA QUESTION RELIGIEUSE
EN ITALIE

I. Les Monastères bénédictins d’Italie, souvenirs d’un voyage littéraire au-delà des Alpes, par M. Alphonse Dantier ; 2 vol. Didier, 1867. — II. Chiesa e Finanza, lettera di Marco Minghetti ; 1 vol. Florence. — III. Documens divers, etc.

Notre temps a cela de caractéristique et de solennel, qu’il voit naître bien des choses encore indistinctes dont on ne sait point assurément le dernier mot, et qu’il voit aussi mourir bien des choses qui ont eu leur grandeur. D’un côté, le monde nouveau s’ébauche, se débrouille, sort de l’ombre dans un effort de vivace et irrésistible puissance ; de l’autre, c’est tout un passé qui s’effondre et se décompose. Par instans, de grands blocs se détachent ; ce qui reste se transforme ou n’est plus qu’une ruine immobile d’où la vie se retire. Avez-vous ressenti l’impression étrange que laisse le spectacle de ces grandes abbayes, de ces vieilles demeures claustrales autrefois si animées et si peuplées, maintenant désertes, envahies par le mystère et le silence ? Les vieilles cours sont jonchées de débris, de fûts de colonnes, de fragmens détachés des frontons ; l’herbe pousse à travers les pierres disjointes ; les inscriptions s’effacent sur les murs noircis et sur les dalles usées ; les cloîtres sonores semblent répéter un écho d’un temps ancien. Au dehors, tout a changé, tout s’est transformé : la ville a pris un aspect nouveau, la campagne