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époque, ce qui lui permit de reconstruire le phénomène. De 1835 à 1841, M, Quetelet se fit à Bruxelles le centre d’une association de météorologistes qui s’étaient donné un programme commun, et enfin la Russie se couvrit d’observatoires officiels ; mais, pour que cette idée prît son développement, il fallait qu’elle s’incarnât dans un homme assez heureux pour en assurer le succès. Cet homme fut M. Maury.

Lieutenant dans la marine des États-Unis, M. Maury n’obéissait pas seulement à l’instinct d’une curiosité spéculative ; il avait un projet plus cher à la nation américaine, celui de diminuer la durée des voyages en conseillant aux marins des routes raisonnées. Voici comment il procéda : il réunit tous les renseignemens météorologiques qu’il put se procurer dans les journaux de bord ou les récits de voyages ; puis, sur une mappemonde, dans chaque carré tracé par les parallèles et les méridiens, il marqua toutes les directions de vent qui y-avaient été observées ; il fit servir à ce travail plus d’un million d’observations, et la carte ainsi annotée faisait connaître dans son ensemble la direction dominante des courans marins et aériens. Elle montrait que, pour aller d’un pays à un autre, il fallait choisir un tracé conforme à cette direction, et revenir non point par le même chemin où l’on aurait rencontré des vents contraires, mais par d’autres voies choisies de manière à les trouver favorables. Pendant longtemps, les marins résistèrent aux conseils de M. Maury. Enfin l’un d’eux, le capitaine Jackson, commandant du Wright, se résolut à faire une tentative, et, parti de Baltimore le 9 février 1848, il coupait la ligne au bout de vingt-quatre jours, au lieu de quarante et un qu’exigeait ordinairement ce trajet. Toutes les résistances tombèrent devant un succès aussi éclatant, et qui fut suivi de tant d’autres. Bientôt le gouvernement des États-Unis proposait ? aux nations maritimes la réunion d’un congrès dans lequel les savans et les marins devaient arrêter un plan d’observations uniformes. Ce congrès eut lieu à Bruxelles en août 1853. C’est une date mémorable dans l’histoire de la météorologie, puisque désormais tous les navires sont un observatoire, et que leurs livres de bord permettent de reconstituer après coup, pour en chercher les lois, les divers mouvemens qui agitent l’atmosphère. C’est ainsi qu’ont été obtenues les notions que nous allons maintenant développer.


II

Il n’y a pas de mécanisme plus simple, et il n’y en a pas de mieux réussi que celui qui règle la circulation générale de l’air