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La partie orientale du pays n’est qu’une succession de collines et de montagnes qui s’étagent les unes au-dessus des autres et sur les arêtes desquelles s’élèvent des pics qui semblent surveiller l’ensemble du système. Plus nos voyageurs avançaient vers le midi, plus la richesse du sol augmentait. L’Obbo abondait en plantes légumineuses. Baker compta neuf variétés d’ignames, dont l’une est d’une telle fécondité qu’elle donne jusqu’à cent cinquante tubercules par année. Il y acheta des citrouilles blanches de la forme d’une poire, de 10 pouces de long, et dont la chair est fort délicate. Les fruits y étaient également en grande abondance : pour quelques grains de verroterie, on lui apporta de pleines corbeilles de raisin noir. Les grains étaient énormes ainsi que les pépins, mais peu juteux ; ils avaient un bon goût et contribuèrent à lui rendre momentanément la santé. Il voulut en presser à peu près 200 livres, mais il n’obtint qu’une liqueur épaisse qui fermenta sans pour cela donner quelque chose qui ressemblât à du vin. Le pays produit une riche variété de prunes, des anones de la meilleure espèce et une noix recouverte d’une écale verte, dont la saveur est des plus agréables ; les femmes la rôtissent, puis la pèlent et la font ensuite bouillir ; le liquide se couvre d’une couche de graisse qu’elles recueillent avec soin pour en faire de la pommade. On y trouve beaucoup de lin, et les forêts abondent en arachides. Le tabac y atteint de magnifiques proportions. Quand il est parvenu à maturité, les naturels en recueillent les feuilles, les pilent dans un mortier, les convertissent en pâte, qu’ils mettent dans un moule de forme conique où on la laisse jusqu’à complète dessiccation. Ils l’en retirent ensuite ayant la forme et la dureté d’un pain de sucre. Dans les contrées environnantes, le tabac subit une préparation à peu près semblable, mais on lui donne la forme d’un fromage. Les pipes varient avec les tribus et reçoivent toutes les formes possibles ; tantôt c’est le fourneau qui est d’une grosseur énorme et sans rapport avec le tuyau, tantôt c’est celui-ci qui remplit la bouche, tandis que le godet est des plus exigus. La pipe et la cruche composent toute la céramique du pays.

L’Obbo serait un pays sain, si les bras y étaient en nombre suffisant pour diriger les eaux, les maintenir dans le lit des torrens et lutter avec succès contre la surabondante énergie de la nature. Il y pleut pendant dix mois de l’année, de février en décembre ; la chaleur est forte, sans être pourtant excessive, puisque la température moyenne correspond à celle que nous avons en juin ou juillet, et le sol est très riche. Il en résulte une végétation d’une incroyable exubérance. — L’herbe, d’une prodigieuse hauteur, entrelacée de plantes rampantes et de vignes sauvages, n’est pénétrable qu’aux quadrupèdes de la plus grande espèce. Si l’habitant de ces contrées n’était pas forcé de déployer quelque activité pour satisfaire à ses