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Avant les récentes annexions, le royaume comprenait huit provinces : la Prusse, la Poméranie, le Brandebourg, la Saxe, Posen, la Silésie, la Westphalie et le pays rhénan ; trois provinces nouvelles y seront ajoutées maintenant, le Slesvig-Holstein, le Hanovre et la Hesse. Chacune de ces huit provinces forme comme un état indépendant qui fournit un corps d’armée complet ayant artillerie, cavalerie, troupes spéciales, et pouvant ainsi se suffire à lui-même. Un neuvième corps, celui de la garde, se recrute indifféremment dans tout le pays. Chaque province, comprenant en moyenne environ 2 millions 1/2 d’habitans est divisée en quatre départemens de recrutement (ersatzbezirken) qui correspond à quatre brigades d’infanterie. Le département se subdivise ensuite en arrondissemens de bataillon qui comprennent plusieurs cantons (kreise). Toute localité, ville ou village, est ainsi embrigadée dans les cadres de l’organisation militaire. Dans chaque commune, le voyageur aperçoit une plaque de fonte avec des lettres en relief portant le nom du lieu, le cercle administratif et le bataillon de landwehr auquel elle appartient. Les jeunes gens d’un même endroit servent donc toujours l’un à côté de l’autre, et ils ne s’éloignent jamais beaucoup de leurs foyers, car à moins de guerre les régimens levés dans une province ne la quittent pas ; c’est tout à fait l’ancien système des milices locales.

Dans chacune des circonscriptions de recrutement, tout ce qui concerne cette opération ressort d’une commission où l’élément civil et l’élément militaire sont également représentés. Elle est composée, pour la province, du commandant en cher du corps d’armée et du gouverneur provincial, — pour le département, du commandant de brigade et d’un conseiller départemental (regierungs rath), — pour l’arrondissement, du chef de bataillon de la landwehr et du bailli (landrath). Il y a appel des décisions de l’une de ces commissions à celle du degré supérieur.

Le chiffre de recrues que réclament les différentes armes est déterminé par le ministère de la guerre. Ce chiffre est réparti entre les huit corps d’armée, et chaque arrondissement (kreise) intervient dans ce recrutement à proportion de sa population. Il n’y a d’exception que pour la garde, qui reçoit des recrues de tout le royaume, et pour certains corps spéciaux comme les cuirassiers et l’artillerie. Au moyen des registres des naissances, le conseil de milice dresse la liste de tous les jeunes gens arrivés à l’âge de servir (militärpflichtig) ; il les fait paraître devant lui, les soumet à un examen attentif pour juger de leurs qualités physique et morales, prononce sur les demandes d’exemption, repousse définitivement ceux qui sont atteints d’infirmités incurables, et renvoie à l’année suivante ceux qui ne semblent que momentanément impropres au service.