longues séries d’observations destinées à résoudre un problème relatif au magnétisme terrestre, et revint la même année en France. Arago, qui avait inspiré ce travail, le présenta à l’Académie. Pendant ce temps, le frère cadet d’Antoine d’Abbadie, M. Arnauld d’Abbadie, avait devancé son aîné en Égypte ; ce dernier ne tarda pas à l’y rejoindre. Après deux mois passés à étudier l’arabe, ils partirent ensemble pour l’Ethiopie, emmenant avec eux un jeune missionnaire. Ils espéraient découvrir les sources du Nil, que Bruce plaçait en Kaffa, par 7 degrés de latitude nord.
Bruce avait pénétré dans cette contrée vers 1770. Il était le premier voyageur qui fût entré dans le Habesch depuis 1630, époque où les relations furent rompues entre ce pays et l’Europe. Le voyage de Bruce s’était arrêté au lac Tsana, sous le 11e degré de latitude nord. Au commencement de ce siècle, un autre Anglais, Sait, visita une partie du pays exploré par Bruce. Peu connues encore néanmoins, ces régions offraient de vastes sujets de recherches ; il y avait là à étudier la décadence d’une antique civilisation, il y avait à éclaircir d’importans problèmes de linguistique et de géographie. L’entreprise toutefois n’était pas facile. Sur les côtes de la Mer-Rouge, l’accès de l’Ethiopie est fermé aux voyageurs par la jalousie des Anglais et par les défiances des petites puissances musulmanes ; dans l’intérieur, les guerres incessantes de tribu à tribu rendent les explorations très périlleuses.
Partis de l’île de Muçawa, sur la côte de la Mer-Rouge, les deux frères parvinrent au mois de mai 1838 à Gondar, capitale de l’Abyssinie ; mais leurs ressources étaient épuisées, et M. Antoine d’Abbadie dut retourner en Europe pendant que son frère achevait de s’initier à la langue amariña, étude indispensable à ceux qui voyagent en Ethiopie. M. Antoine d’Abbadie vint bientôt rejoindre son frère Arnauld à Muçawa ; il apportait un grand attirail d’instrumens scientifiques de toute nature. Repoussés par le chef du Simen, qui venait d’expulser pour la seconde fois les missionnaires anglais, nos voyageurs durent renoncer à pénétrer comme la première fois dans l’Ethiopie par le nord ; ils résolurent de tourner le pays par le sud. Cette tentative fut déjouée par les Anglais ; après trois mois d’efforts inutiles, les deux frères revinrent à Muçawa, et, plus heureux cette fois, ils purent traverser le Tigré, et se virent de nouveau à Gondar au mois de juin 1842. M. Arnauld d’Abbadie commença dès lors une suite de courses aventureuses dans le Godjam, où il sut conquérir l’amitié du chef, le dedjadj Gosho ; il prit part aux expéditions guerrières de ce prince et se fixa dans le pays pendant que son frère pénétrait dans l’Inarya, chez les. Galla ou Ilmorma. C’est vers le milieu de 1843 que M. d’Abbadie vint avec une caravane à Saka,