d’un ordre tout différent, dont il allait avoir à l’entretenir ; mais contre son attente, du jour où pour la première fois il ouvrit la bouche sur ces sujets dont son cœur était tout plein, de ce jour-là commencèrent les déceptions amères et les déboires incessamment renouvelés du malheureux Pie VII. Depuis l’entrevue de Fontainebleau, Napoléon n’avait point cessé d’être attentif et gracieux envers son hôte. Le pape, doué lui-même d’un vif et charmant esprit, n’avait pas été insensible aux séduisantes manières de ce grand capitaine capable de devenir, s’il lui plaisait, le plus aimable des hommes. Cependant lorsque tous deux se trouvèrent face à face pour traiter les questions qui les avaient divisés et qu’il leur restait à résoudre, en peu de temps il fut évident pour l’un et pour l’autre qu’ils n’arriveraient jamais à s’entendre. Non-seulement l’accord fut impossible à établir, mais le charme lui-même fut rompu. On a su peu de chose sur ces entretiens confidentiels du pape et de l’empereur. Ils n’aimèrent jamais à s’en expliquer. Le résultat seul en transpira. En continuant à rendre justice à la touchante patience du saint-père, Napoléon ne cacha point à ses confidens qu’il lui trouvait l’esprit étroit, obstiné et pas trop différent de celui des autres prêtres. Ce qui avait irrité l’empereur, c’est que sur nombre de points d’histoire ecclésiastique et autres sujets semblables dont il avait pris une teinture, et qu’avec sa merveilleuse sagacité il avait étudiés pour la circonstance sous la direction de l’habile Portalis, le pape souvent lui tint tête, maintenant ses dires et lui remontrant tout doucement par où péchait sa science de fraîche date. Il ne plaisait pas à l’empereur d’être pris en faute sur quoi que ce soit. Plusieurs fois il se fâcha. « Est-ce que votre sainteté, s’écria-t-il un jour, me prendrait pour un Charles IV ? »
Il était difficile de se méprendre à ce point. Pie VII ne commit point de pareilles erreurs. À voir au contraire l’empereur ainsi armé de toutes pièces contre lui, il comprit vite l’inanité des espérances auxquelles il s’était laissé aller. Par un juste sentiment du devoir, mais sans entretenir désormais aucune illusion, il rappela les promesses faites, insista verbalement et par écrit sur tous les points qui avaient été l’objet des engagemens pris avant son départ de Rome. Il savait d’avance qu’il ne réussirait point, et par le fait il n’obtint rien. Une seule circonstance fit descendre d’en haut un peu de consolation dans son âme désolée : ce fut la rétractation complète des évêques constitutionnels. Consalvi a grand soin de nous avertir que le gouvernement français, quoiqu’il eût promis son concours, ne fut pour rien dans leur retour au sein de l’église. Cette réconciliation, si précieuse à ses yeux, fut l’œuvre toute personnelle de Pie VII et le triomphe de son irrésistible cha-