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LE
PROBLEME DE L'ARMEE

REORGANISATION DE LA FORCE MILITAIRE EN FRANCE.


I

Il y a longtemps que l’opinion publique n’avait été remuée aussi profondément chez nous qu’elle vient de l’être à l’annonce des projets concernant l’armée. Ne nous en plaignons pas : c’est un bon symptôme. Les institutions militaires, toujours coulées dans le moule du système politique, touchent à tous et à chacun : elles entament l’individu dans ses affections, dans son activité ; elles dominent les grandes résolutions sociales et faussent trop souvent la conscience publique par des considérations de faiblesse ou de force matérielle. Le pays qui resterait indifférent lorsqu’on agite de si grands intérêts ne mériterait plus de compter dans le concert des nations.

C’est ordinairement dans les temps sombres et quand l’appréhension d’un danger pèse sur les esprits que la question militaire se soulève d’elle-même et vient se placer à l’ordre du jour. Il semblerait alors qu’il sera facile de s’entendre, puisque la communauté tout entière se sent en échec, et pourtant, hormis les grands accès de fièvre politique, comme le 1792 de la France et le 1813 de la Prusse, on s’agite, on s’aigrit dans les controverses, et on n’aboutit pas. Ainsi les mêmes anxiétés qu’aujourd’hui ont surgi chez nous ;