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l’aide des fondations que ses fouilles mettent à découvert et des pans de l’édifice qui subsistent encore. Un autre glacier descendait dans la vallée de Giromagny, et ses dernières moraines portent la ville de même nom ; mais le plus intéressant est celui de la vallée de Gerardmer. Descendu également des hauteurs du Hoheneck, il a déposé ses moraines terminales près de Rainbrice, au-dessus du Tholy[1]. Ces moraines forment un triple barrage qui ferme entièrement la vallée. Les eaux des parties supérieures, arrêtées dans leur cours, entretiennent des marais tourbeux qui occupent le fond du bassin. Une seconde moraine, précédée également en amont d’une tourbière, se trouve près de la scierie du Belliard, et plus haut une troisième moraine a créé le lac de Gerardmer. La digue morainique le barrant complètement, le lac se déverse par son extrémité supérieure, près du village de Gerardmer, dans une gorge appelée la Gauche-de-Vologne. Ce lac présente donc ce caractère des lacs morainiques que nous avons déjà signalé chez ceux d’Orta, de Varese, de Lourdes, etc. Plus haut, on rencontre de nouveau une moraine précédée d’une tourbière, et on arrive au joli lac de Longemer dont l’origine est la même que celle du lac de Gerardmer. Son écoulement se fait par l’aval, mais ses eaux vont rejoindre celles de Gerardmer dans la Gauche-de-Vologne. Le lac de Retournemer n’est pas morainique, il est contenu dans une cuvette de granite porphyroïde. Si, traversant le Fachepremont, le voyageur entre dans l’étroit vallon de Chayoux, il trouvera le petit lac de Lispach également barré par une moraine, à laquelle en succède une série d’autres échelonnées d’amont en aval, jusque dans le voisinage de la Bresse. Dans les vallées de la Moselle et de la Moselotte, sur la route de Remiremont à Saint-Amarin, on reconnaît également de nombreuses moraines depuis Rupt jusqu’à Bussang. Au-dessus de Maxenchamp, on visite avec intérêt le petit lac morainique de Fondromé et de belles roches polies près du tissage des Maix.

Nous croyons en avoir dit assez pour éveiller chez le lecteur le désir d’étudier le phénomène erratique dans la contrée où il est le plus facile à embrasser dans son ensemble et à visiter dans ses détails, sans fatigue et sans difficultés, au milieu des sites les plus admirables et dans le voisinage de villes ou de stations thermales, telles que Luxeuil, Remiremont, Thann, Bussang et Plombières. Pour guides, le voyageur aura les ouvrages si bien illustrés de MM. Hogard et Collomb, et pour terme de comparaison les glaciers des Alpes que la vapeur a mis à quelques heures de leurs anciens

  1. Voyez la feuille 85 de la carte de l’état-major.