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schistes maclifères, les ophites vertes et les calcaires noirs, souvent usés et rayés. Le géologue qui voudrait d’autres preuves du long séjour que le glacier a fait sur ces collines aujourd’hui si riantes n’a qu’à visiter la Grotte-Miraculeuse, à 2 kilomètres de Lourdes. Sur la route, il verra des rochers calcaires exploités en carrières, arrondis, polis et striés partout où les ouvriers ont mis la surface à découvert. L’église qui surmonte la grotte est elle-même construite sur une roche moutonnée et placée devant une moraine composée en grande partie de boue glaciaire dans laquelle les cailloux rayés ne sont pas rares. Nous nous sommes assurés, M. Collomb et moi, que la limite extrême du glacier de Lourdes passait par les villages de Peyrouse, Loubajac, Adé, Juloz et Arcizac-ès-Angles, Au-delà, la plaine est nivelée comme la surface d’un lac, et s’étend jusqu’au plateau de Lannemezan, dont l’origine et la nature géologique sont encore à l’état de problème.

Les autres anciens glaciers des Pyrénées ne paraissent pas être sortis des vallées pour déboucher dans la plaine. Les accumulations de matériaux erratiques que l’on trouve à l’issue de ces vallées ne portent pas des signes assez caractéristiques de leur origine glaciaire pour qu’on puisse affirmer dès aujourd’hui qu’elles ne sont pas uniquement l’œuvre des eaux diluviennes. Ces terrains réclament de nouvelles études. La société Ramond, fondée pour l’exploration des Pyrénées, compte parmi ses membres des géologues assez autorisés pour dissiper les doutes qui planent encore sur l’agent qui a transporté ces innombrables débris empruntés à la chaîne pyrénéenne.

On a signalé des preuves de l’ancienne extension des glaciers sur l’autre versant des Pyrénées, dans les vallées d’Essera et de Carol, aux alentours de la forteresse de Mont-Louis ; mais la topographie complète de ces domaines erratiques est encore à faire. Nous savons seulement par le regrettable géologue espagnol Casiano de Prado que les dernières traces se trouvent dans les montagnes de Galice. Au sud de cette chaîne, on n’en rencontre plus. Malgré les explorations de deux géologues très compétens, MM. Schimper et Collomb, nous resterons dans le doute au sujet de la Sierra nevada de Grenade. Les terrains de transport qu’ils y ont aperçus pourraient bien être l’œuvre des eaux, et eux-mêmes hésitent à leur attribuer une autre origine. En Afrique, la chaîne de l’Atlas et les montagnes de la Kabylie, où les érosions aqueuses ont joué un rôle si considérable, ne présentent aucune trace de terrain erratique. C’est donc en Espagne, sous le 42e degré, que nous poserons en Europe la dernière limite de l’ancienne extension des glaciers autour des massifs montagneux. Cette limité se rapprocherait