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localités quels sont les terrains qui recouvrent ces lignites et ces ossemens, ils nous apprendront quelles sont les époques géologiques qui ont succédé à la première période glaciaire. On trouve d’abord une épaisseur de cailloux roulés stratifiés, c’est-à-dire disposés par lits réguliers dont les matériaux ne sont pas de même volume, tantôt sable, tantôt cailloux de diverses grosseurs. C’est ce que l’on nomme un terrain diluvien ou diluvium, déposé par des eaux courantes. Sur ce diluvium reposent les moraines et les gros blocs erratiques transportés par les glaciers pendant la seconde période de froid. Si la Suisse et la Savoie offraient seules des exemples semblables, on ne serait pas en droit d’affirmer l’existence de deux périodes glaciaires ; mais nous verrons ces deux périodes se dessiner d’une manière encore plus irrécusable dans les îles britanniques et dans le nord de l’Amérique. Nous en concluons qu’elles ont existé partout ; mais partout aussi c’est la seconde qui a laissé les traces les plus nombreuses, les plus manifestes, c’est celle que les géologues ont plus particulièrement étudiée.


V. — ANCIENS GLACIERS DES PYRENEES.

Nous savons déjà que les glaciers actuels des Pyrénées restent suspendus aux flancs des montagnes et ne descendent point dans les vallées : ce sont des glaciers de second ordre ; ils n’ont pas moins à une certaine époque envahi toute la chaîne. Malgré la situation méridionale des Pyrénées et la moindre hauteur des cimes principales, comparée à celles des Alpes, quelques-uns de ces glaciers ont débouché dans la plaine. Dès qu’on a pénétré dans les vallées pyrénéennes, les traces glaciaires se montrent de tous côtés. Je me bornerai à signaler aux lecteurs les localités les plus remarquables, telles que les roches moutonnées, polies et striées du col de Venasque et de la vallée d’Essera, sur la route de l’hospice à la Maladetta, — celles des environs du Lac-Bleu, les schistes serpentineux polis et lustrés à l’entrée de la gorge de Scia, les roches moutonnées en amont du chaos de Gavarnie, au-dessus de Gèdre, aux alentours du pont d’Espagne près de Cauterets, — les surfaces striées qu’on laisse à gauche de la route avant d’arriver aux Eaux-Chaudes et entre ces thermes et la belle grotte traversée par un ruisseau. Les blocs erratiques ne manquent nulle part, mais les moraines les plus remarquables sont d’abord celle qui a barré le lac d’Oo, une autre qui s’étend de Garin à Castillon, au débouché de la vallée d’Oo. Les anciennes moraines latérales du glacier du pic du Midi dans la vallée de Grip, au sommet de celle de Campan, sont aussi démonstratives que celles des Alpes le plus souvent citées.