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les plus élevés sont à 305 mètres au-dessus du lac ; sur les flancs du Chasseron, situé au nord-ouest d’Iverdun, on en rencontré à 970 mètres près du village de Bulelt. A partir de ce point culminant, la limite des blocs s’abaisse vers le sud du côté de Genève, vers le nord dans la direction de Soleure : ils ne se sont pas arrêtés sur le flanc oriental du Jura, mais ils ont pénétré dans les vallées qui s’ouvrent vers la plaine suisse, la gorge de la Reuss, le Val-Travers, le Val-Saint-Imier et même la vallée de la Chaux-de-Fonds, près de Pierre-Pertuis. On les rencontre encore, rares il est vrai, au-delà de Pontarlier et d’Ornans, dans le département du Doubs. Partout ces blocs sont accompagnés de menus débris erratiques au milieu desquels on trouve des cailloux rayés ; ils recouvrent souvent des surfaces admirablement polies et striées : on en remarque près de l’observatoire de la ville de Neuchâtel, au pied de la colline de Chamblon, non loin d’Iverdun, aux environs de Saint-Cergues, dans la combe du lac de Joux, et en France dans la vallée de Chezery au nord-est de Bellegarde. Sur les pentes uniformes du Jura, qui se prolongent le long de la rive occidentale du lac Léman, comme sur les montagnes accidentées de la Savoie, qui se dressent sur la rive orientale, ces blocs forment, suivant M. Alphonse Favre, une ligne continue à la hauteur moyenne de 820 mètres au-dessus du lac, et souvent ils montent plus haut ; M. Benoît les a vus à 1,000 mètres environ sur les flancs du mont Colombier, près de Bellegarde, dans le département de l’Ain, et déjà en 1842 M. Itier signalait ceux qui se trouvent à la même hauteur sur le pâté de montagnes que domine l’abbaye de Portes. Depuis, on a poursuivi ces débris erratiques jusqu’aux environs de Belley, où ils sont encore à 600 mètres au-dessus du lac de Genève.

Tandis que le glacier édifiait sa moraine terminale la mieux dessinée sur les flancs du Jura, la partie comprise entre les Alpes et cette dernière chaîne était elle-même couverte de moraines superficielles composées en partie de gros, blocs granitiques. Quand le glacier s’est retiré, ces blocs sont descendus à mesure que la glace fondait et se sont déposés dans la plaine aux points correspondans verticalement à ceux où ils se trouvaient sur le glacier : ils sont innombrables ; je me contenterai de citer les deux Pierres-de-Niton dans le lac de Genève, près de la ville, à peu de distance des Eaux-Vives : elles font saillie au-dessus de l’eau et l’une d’elles est creusée d’une cuvette rectangulaire, indice probable du rôle que ces pierres jouaient dans les sacrifices du culte païen ou druidique. A l’autre extrémité du glacier, nous trouvons sur les limites des cantons de Berne et de Soleure le groupe de Steinhof, près du village de Rietwiel ; il occupe un petit plateau élevé de 580 mètres au-dessus de la mer. L’un des blocs, de forme cubique, a 15 mètres de