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Schwite, de Zug, de Lucerne et d’Argovie, comprenant dans son domaine les nombreux lacs de cette région, celui des Quatre-Gantons, de Zug, de Sempach, de Baldeck et d’Halwyl. Ces trois derniers lui doivent même l’existence, car ce sont des moraines terminales qui, en barrant le passage des eaux, ont donné naissance à ces petits réservoirs. Au sud de cet ancien bassin erratique se trouve un espace quadrangulaire appartenant aux cantons de Lucerne et de Berne, arrosé par les deux Emmes et qui n’a pas été recouvert par la grande nappe sous laquelle le reste de la Suisse était enseveli. Nous rejoignons maintenant l’ancien glacier de l’Aar dont nous avons déjà parlé, et dont les dernières moraines sont à Berne et aux environs.

Le bassin erratique du Rhône est le mieux caractérisé et le plus anciennement connu : il est aussi le plus vaste de la Suisse, car il s’étend depuis Belley, dans le département de l’Ain, jusqu’à Olten non loin d’Aarau, dans le canton de Soleure, et remplit tout l’intervalle compris entre les Alpes et le Jura. C’est au pied du Galenstock, entre la Grimsel et la Furca, que nous retrouvons ce qui reste du plus grand des glaciers qui ont recouvert la Suisse[1]. En avant de sa moraine terminale actuelle, on compte quatre anciennes moraines semi-circulaires, coupées par les cours d’eau qui forment la source du Rhône. Ces moraines sont la preuve des oscillations du glacier dans la période historique. La dernière, éloignée actuellement de plus de 500 mètres du glacier, correspond à l’année 1817. À cette époque, il touchait au monticule composé de roches moutonnées, qui abrite l’auberge et les maisons qui l’entourent. Dépassant ces limites, l’ancien glacier descendait dans le Valais, longue vallée rectiligne bordée d’un côté par la chaîne des Alpes bernoises, de l’autre par les Alpes lépontines et pennines. Les cols de ces deux chaînes atteignent ou dépassent tous 2,200.mètres, et les sommets 3,000 mètres ; c’est dire que ces deux chaînes sont chargées de glaciers. Tous étaient les affluens de celui du Rhône : leur nombre total ne s’élevait pas à moins de 66, et parmi eux il y en avait de considérables. Sur la rive gauche, nous trouvons d’abord celui de la vallée d’Eginen, qui se termine au Gries et au col de Nufenen, puis ceux de Binnen, de la coupure du Simplon, de la vallée de Viége, formée elle-même par la réunion des vallées secondaires de Zermatt et de Saas. La première était le lit d’un fleuve de glace qui aboutissait au pied du Mont-Rose. Les glaciers actuels de Zermatt, de Zmutt et de Findelen en sont les restes : réunis en une seule masse, ils apportaient à celui du Rhône le contingent des roches serpentineuses de ce groupe de montagnes. Au sommet de la vallée

  1. Voyez Excursions-Karte des Schweizer Alpen-Club, 1864-1865.