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le sein d’un même peuple, En admettant que les limites de la vie ne soient pas reculées et qu’il y ait moins de centenaires qu’autrefois, en laissant de côté la question de l’augmentation de la population par l’accroissement des naissances, il est certain que, si les nouveaux-nés meurent en moins grand nombre, si les individus recensés à leur naissance disparaissent moins vite, cet accroissement de la vie moyenne révélera une supériorité de bien-être fort enviable. Dans des calculs qui datent déjà de loin, le docteur Faar avait comparé la mortalité annuelle des principaux états européens ; il trouvait que son pays était le mieux partagé, puisqu’il constatait par an le décès d’un individu sur 45 en Angleterre contre 42 en France, 38 en Prusse, 33 en Autriche et 28 en Russie (ce qui ne coïncide pas malheureusement avec le progrès de la population, qui dépend du nombre des naissances). Il pouvait affirmer encore que l’état de la santé publique dans le royaume-uni s’était amélioré en 100 ans au point d’élever la durée de l’existence dans la proportion de 4 à 3. En d’autres pays, en Suisse, en Belgique, en Suède, on a procédé à des relevés statistiques qui présentent les anomalies les plus étranges. M. de Courcy, dans son ouvrage sur les lois du hasard, a signalé l’écart singulier qui, sur 1,000 individus nés la même année, montre à l’âge de 60 ans 96 survivans à Londres contre 314 dans le canton de Vaud, 270 dans la Suède entière et 50 seulement Stockholm. En prenant trois âges que l’on peut considérer comme caractéristiques : 10 ans, 30 ans et 60 ans, on voit dans les tables de mortalité que sur 1,000 individus nés la même année, le docteur Faar, pour l’Angleterre, en porte comme survivans 706 à 10, ans, 603 à 30 et 380 à 60 ans. En Belgique, M. Quételet n’en trouve que 582, 467 et 272 ; les tables du canton de Vaud ; donnent les chiffres de 653, 563 et 314 ; les anciennes tables dressées par Halley à Breslau indiquaient les nombres de 661, 531 et 242 ; celles de Duvillard réduisent le total des survivans à 551 à 10 ans, 438 à 30 et 213 à 60 ans. Il semble que les calculs les plus récemment faits soient plus favorables ; c’est du moins ce qui résulte de ceux de M. de Montferrand, qui, comme M. Quételet pour la Belgique, a entrepris de refaire pour la France l’œuvre de Duvillard, et est arrivé à des chiffres de mortalité très différens, puisque, sur 1,000 individus nés la même année, il en trouve 667 encore existans à l’âge de 10 ans, 559 à 30 et 364 à 60. Cependant les compagnies françaises se refusent à réformer leurs anciennes tables, si quelques-unes des plus récentes sociétés tentent d’apporter certains adoucissemens dans leurs tarifs, la plupart contestent, en général la valeur des statistiques nouvelles, et spécialement en ce qui leur serait applicable n’en admettent pas l’exactitude. En effet, les recensemens qui s’opèrent sur le fait brutal de la naissance