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vie moyenne, de 29 ans avant la première révolution, s’est élevée d’un tiers et atteint le chiffre de 43 ans, abstraction faite des enfans morts au-dessous d’un an, — cette prolongation donne seulement la mesure la plus exacte des progrès matériels réalisés en France ; mais d’un autre côté la stagnation de la population, l’accroissement énorme des naissances illégitimes inspirent de tristes réflexions. La fécondité des mariages est moindre en France que dans tous les autres pays de l’Europe, et le nombre des naissances naturelles depuis le commencement du siècle a plus que doublé. Dans le département de la Seine, ce résultat est particulièrement sensible : pour toute la France, le nombre des naissances par cent mariages était en 1801 de 43, en 1851 de 31, en 1860 il est tombé à 30, 7. Par contre, en 1801 les naissances naturelles étaient aux naissances légitimes dans la proportion de 4, 82 pour 100 ; dès 1861, elles montent à 7, 70. En présence de pareils chiffres, n’est-il pas permis de douter de l’opportunité des encouragemens accordée aux combinaisons qui favorisent le plus le goût des jouissances égoïstes, même la satisfaction de certains besoins légitimes, si ces besoins ne concordent pas avec l’amour de la famille et le dévouement domestique ? Des faits récens ont montré chez les ouvriers une tendance mauvaise à chasser la femme et les enfans de l’atelier et à leur refuser la concurrence du salaire : Dieu veuille que ce ne soit pas pour leur refuser encore l’abri du toit paternel et le home permanent et régulier si cher aux ouvriers anglais !

Longtemps avant l’intervention de l’autorité publique dans les assurances, et avec des résultats bien plus importans, l’industrie privée avait multiplié ses créations. Pour en donner le tableau, il sera difficile de maintenir très rigoureusement la distinction précédemment faite entre les deux principales catégories d’assurances, car les compagnies privées s’engagent en général à la fois à couvrir les deux risques, si l’on peut appeler du même nom la prévision de la vie et la prévision de la mort. C’est la prévoyance appliquée à la prolongation de la vie qui semble avoir donné lieu la première à de nombreuses opérations. Nous avons déjà cité l’établissement de Florence qui dès leXVe siècle assurait des dots aux jeunes gens. Sous le règne d’Édouard III en Angleterre, la société de Sainte-Catherine était une véritable caisse de retraite. La fixation du taux des rentes viagères remonte en France aux Valois ; mais l’association fondée en 1653 par l’Italien Tonti et la création de la première tontine royale constituent les plus anciennes assurances en cas de vie, bien que la principale chance de bénéfice des souscripteurs soit basée sur les vides que la mort peut faire dans leurs rangs. Ces sociétés, fameuses chez nous depuis longtemps sous le nom qu’elles doivent-à l’étranger qui le premier en conçut l’idée, ont