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l’esprit d’observation et de jugement. » Comment arriver à ce résultat, qui est en définitive le but de l’éducation, si l’on présente à la jeunesse des faits qui ne se rattachent que par des liens invisibles aux opérations ordinaires de la nature?

Convenons que les monstres et les merveilles, aussi bien que les expériences brillantes des cours de physique, sont une nourriture malsaine, plus propre à fausser l’esprit qu’à l’éclairer. C’est là, objectera-t-on, ce que demande le public; les vulgarisateurs sont bien obligés de lui servir les mets qu’il préfère. Sans ce condiment de surnaturel, l’enseignement lui semblerait fade et ennuyeux. Il ne lirait pas les livres que l’on fait pour lui et déserterait les cours où on le convie d’assister. Je ne sais s’il est vrai que le merveilleux soit seul capable d’intéresser la masse ignorante. Il est facile de s’assurer que des professeurs habiles n’ont jamais recours à ces appâts grossiers et se font lire ou écouter de la foule sans illustrer leurs récits d’ornemens invraisemblables. Quoi qu’il en soit d’ailleurs, dédaignons au moins cet enseignement, qui n’est ni utile ni efficace, et qui compromet même la dignité du professeur, qui transforme le livre en un prospectus et la chaire en un théâtre. L’enseignement des monstruosités n’est pas de ceux que l’on doive encourager, car c’est une concurrence aux sorciers de la rue. Conservons les livres illustrés, s’ils sont bien faits, comme une aimable distraction pour charmer nos loisirs, mais ne les introduisons pas dans les études sérieuses, qui suivent d’autres méthodes et s’appuient sur d’autres principes.


H. BLERZY.


LES CONFESSIONS D’UN MÉTAPHYSICIEN.

Confessioni di un metafisico, per Terenzio Mamiani ; 2 vol. in-8o, Florence, 1867.

Ce mot de confessions pique toujours l’attention du lecteur. Nous aimons, d’une curiosité parfois trop frivole, mais toujours en éveil, ces aperçus sur la vie ou la pensée des hommes qui ont fait figure dans le monde. Peut-être ne réfléchissons-nous pas assez à l’invraisemblance qu’il y a d’obtenir d’eux ce qu’on aimerait surtout à savoir, la vérité vraie, sans plaidoyer, sans circonstances atténuantes, sans ces admirables intentions dont les gens qui sont revenus de l’enfer disent qu’il est pavé. Ici cependant, qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit des confessions d’un métaphysicien. L’homme reste dans la coulisse, le philosophe seul paraît sur la scène et confesse... ses principes d’ontologie et de cosmologie. Si encore M, Mamiani était un de ces métaphysiciens dont l’audacieuse pensée porte la conviction ou le trouble dans celle des autres hommes! Si l’on pouvait croire qu’il vient renier ce qu’il a jusqu’à ce jour adoré et nous exposer les déceptions cruelles d’un vigoureux esprit à la recherche de la certitude et du vrai;