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gnemens plus complets dans l’Histoire de la Chimie de M. Hoefer[1]; puis, franchissant les siècles, il passe aux découvertes modernes qui servent de base à l’exploitation actuelle des houillères et des mines de métaux. Les croyances et les légendes qui se rattachent à l’histoire des mines dans le moyen âge auraient fourni la matière de quelques pages intéressantes; les ouvrages de George Agricola renferment sur ce sujet tous les détails désirables. Il est vrai que M. Simonin en cite quelques-uns en passant, mais il eût été facile de tirer un plus grand parti de cette ressource pour animer et poétiser le sujet. L’histoire géologique de la houille et l’explication de l’origine des filons métalliques ont fourni à M. Simonin le sujet de deux chapitres curieux; il insiste avec raison sur la corrélation intime qui paraît exister entre les veines métalliques des roches et les sources thermales, dont la minéralisation est en quelque sorte complémentaire de la composition des filons, comme si les eaux avaient abandonné peu à peu dans les fissures de la pierre les moins solubles des élémens qu’elles contenaient à l’origine. Nous ferons remarquer, à ce propos, que la théorie du noyau incandescent de la terre est beaucoup moins définitive que ne le supposent généralement les auteurs d’ouvrages populaires. La faible épaisseur de la croûte solide, que l’on a l’habitude de comparer à l’écorce d’une orange, résulte d’un calcul d’une exactitude illusoire, basé sur l’accroissement de la température dans les puits et dans les trous de mines; il y a lieu de croire que cette épaisseur est en réalité beaucoup plus considérable, et que les volcans du globe sont loin de communiquer entre eux par une nappe liquide continue. De même Laplace n’a jamais démontré mathématiquement que la terre ait été à l’origine une masse incandescente; c’est une simple hypothèse, très ingénieuse à la vérité, mais qu’il faut accepter pour ce qu’elle est. On pourra consulter à cet égard la notice de Laplace sur l’origine du système planétaire, qui vient d’être réimprimée dans l’Annuaire du bureau des longitudes pour 1867.

M. Simonin nous fait connaître d’une manière exacte la distribution des gisemens de charbon et des placers métallifères à la surface du globe; une trentaine de cartes coloriées représentent les bassins les plus importans, et dix planches imprimées en chromo-lithographie familiarisent le lecteur avec l’aspect des différens minerais et des gemmes. La vie semée d’accidens des soldats de l’abime, comme l’auteur les appelle, est racontée avec les détails émouvans dont l’histoire de chaque mine renferme une ample moisson. Les coups de mine, les feux souterrains, qui restent quelquefois en permanence dans les houillères qu’ils ont envahies, les formidables explosions de grisou, les inondations, les éboulemens, les accidens qui surviennent lorsqu’un câble se rompt, que deux bennes se rencontrent pen-

  1. MM. Firmin Didot viennent de faire paraître une nouvelle édition de cet important ouvrage.